Réunis ce lundi 24 novembre à Luanda, en Angola, les dirigeants africains et européens entendent insuffler un nouvel élan à leur partenariat politique et économique. Au cœur des discussions : la gestion des migrations, l’accès aux minerais stratégiques, le développement industriel africain et la coordination autour du plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Dans un contexte où Chine, Russie et pays du Golfe renforcent leur présence sur le continent, l’Union européenne cherche à regagner crédibilité et influence par des engagements tangibles et de long terme.
Un sommet sous haute pression géopolitique
Parmi les participants figurent Emmanuel Macron, le dirigeant allemand Friedrich Merz, le président kényan William Ruto ou encore le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. Cette rencontre UA–UE intervient alors que l’Afrique s’impose comme un terrain de rivalités stratégiques entre grandes puissances, américaines, chinoises et russes en particulier.
En marge du sommet et dans la continuité des discussions du G20 organisé ce week-end en Afrique du Sud, un point d’étape sur l’initiative américaine pour l’Ukraine est prévu. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a convié plusieurs chefs d’État à une réunion dédiée afin d’évaluer les négociations menées à Genève entre responsables américains, ukrainiens et européens.
Vingt-cinq ans de partenariat : un bilan contrasté
Cette septième édition du sommet de Luanda marque un quart de siècle de relations entre l’Union africaine et l’Union européenne. L’UE reste aujourd’hui encore le premier partenaire commercial du continent, avec des échanges de biens et services atteignant 467 milliards d’euros en 2023.
Mais ce leadership est mis à l’épreuve. Les Européens doivent composer avec un sentiment de défiance lié au passé colonial, la concurrence affirmée de la Chine dont les projets d’infrastructures séduisent de nombreux gouvernements et l’entrisme croissant de la Russie, qui remplace désormais la France comme partenaire sécuritaire dans plusieurs pays africains.
« L’Europe n’est plus le seul partenaire naturel », rappelle Geert Laporte, analyste à l’ECDPM. Pour rester crédible, l’UE doit proposer une offre plus attractive que ses rivales, reposant sur des investissements massifs dans l’énergie, les infrastructures et l’industrialisation des domaines susceptibles de générer emplois et croissance sur le continent.
« L’Afrique n’attend plus des déclarations d’intention, mais des engagements concrets, crédibles et réalisables », insiste de son côté Nuur Mohamud Sheekh, porte-parole de l’UA.
Migrations, sécurité et gouvernance mondiale : les dossiers clés
Le contrôle de l’immigration illégale vers l’Europe sera au centre des échanges, un sujet devenu explosif politiquement pour de nombreux États européens confrontés à la progression de l’extrême droite.
Les dirigeants aborderont également les enjeux sécuritaires et les moyens de renforcer la voix de l’Afrique dans les grandes institutions internationales, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU et à la Banque mondiale.
Autre dossier sensible : le commerce. Alors que les deux continents subissent des droits de douane imposés par Washington, l’UE souhaite accompagner la montée en puissance du commerce intra-africain, aujourd’hui limité à 15 % des échanges du continent.
Minerais critiques : une bataille stratégique
L’Europe cherchera aussi à sécuriser l’accès aux minerais stratégiques indispensables à sa transition écologique et à réduire sa dépendance envers la Chine pour les terres rares et autres ressources clés des technologies de pointe.
Plusieurs projets devraient être intégrés au programme Global Gateway, l’initiative européenne visant à contrer l’influence grandissante de Pékin dans les infrastructures mondiales.
« La crédibilité européenne dépendra de sa capacité à soutenir des projets générateurs de valeur en Afrique, et non de simples vitrines destinées à Bruxelles », analyse Ikemesit Effiong, du cabinet nigérian SBM Intelligence.
Thom Biakpa




