L’Angola se retrouve au cœur d’un nouvel épisode de la compétition internationale pour le contrôle des chaînes d’approvisionnement en matières premières. Les États-Unis ont officialisé, mercredi 17 décembre, l’octroi d’un prêt de 553 millions de dollars destiné à la modernisation du corridor ferroviaire de Lobito, un axe vital reliant la façade atlantique angolaise à l’arrière-pays minier d’Afrique centrale.
Ce financement, accordé par l’Agence américaine de financement du développement (DFC), vise à transformer une infrastructure centenaire en un levier logistique moderne. Longue de 1 300 kilomètres, la ligne relie le port de Lobito à la frontière de la République démocratique du Congo, avant de s’étendre vers la Zambie, deux pays parmi les plus riches au monde en minerais stratégiques. Le projet bénéficiera également d’un apport complémentaire de 200 millions de dollars de la banque de développement sud-africaine (DBSA).
Une route ferroviaire au cœur des minerais critiques
Cuivre, cobalt, lithium : ces ressources, essentielles aux industries de pointe, à la transition énergétique et aux technologies militaires, sont au centre des préoccupations américaines. Selon la DFC, l’Afrique centrale joue un rôle clé dans l’approvisionnement des économies occidentales, et le corridor de Lobito représente une alternative crédible aux routes commerciales dominées par Pékin.
La modernisation du réseau ferroviaire permettra de réduire drastiquement les délais de transport. Là où l’acheminement par route peut prendre jusqu’à 45 jours, le rail offre une traversée en moins de deux jours. Un gain de temps stratégique dans un contexte de rivalités accrues sur les flux commerciaux mondiaux.
Un projet au-delà des clivages politiques américains
Initialement annoncé sous la présidence de Joe Biden, le projet semble dépasser les alternances politiques à Washington. En marge de la visite présidentielle en Angola en décembre 2024, un haut responsable américain avait souligné que le soutien au corridor de Lobito constituait un impératif stratégique, quel que soit le locataire de la Maison-Blanche.
En soutenant cette infrastructure, les États-Unis cherchent à consolider leur présence économique en Afrique australe tout en proposant une réponse concrète à l’influence croissante de la Chine sur le continent. Pour l’Angola, ce partenariat ouvre la voie à une valorisation accrue de sa position géographique et à un rôle central dans les échanges régionaux.
À travers le rail de Lobito, c’est donc bien plus qu’un projet de transport qui se dessine : un nouvel axe de pouvoir dans la géographie mondiale des ressources.
Thom Biakpa




