Des soldats béninois lors d’une séance d’entrainement/ photo: Wikimédia
Deux jours après l’attaque terroriste tragique survenue dans la zone connue sous le nom de « Point Triple », près de la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, le Bénin n’a pas encore émis de réactions officielles. Aucun communiqué n’a été publié par le gouvernement ni par les forces armées béninoises, mais l’émotion est palpable au sein de l’opinion publique et des partis politiques, qui expriment leur solidarité face à cette perte dévastatrice.
Les 28 militaires, tous grades confondus, faisaient partie de l’opération Mirador, un dispositif anti-terroriste mis en place en février 2022, qui compte environ 3 000 hommes. Cette attaque représente une des pertes les plus lourdes jamais enregistrées par cette opération depuis son déploiement dans le nord du pays. Les assaillants ont ciblé un site fortifié de l’opération, qui a été attaqué avec des armes avant d’être incendié, selon des sources de RFI.
Suite à l’alerte, l’armée a réagi par des frappes aériennes et terrestres, permettant de neutraliser plusieurs jihadistes. Ce vendredi, des informations rapportent que le chef d’état-major de l’armée de terre et le commandant du théâtre d’opération se dirigent vers le Point Triple, le lieu de l’attaque.
Pour l’heure, le bilan reste fixé à 28 soldats tués, bien que ce chiffre puisse évoluer en fonction de l’état des rescapés, dont aucune information n’est encore disponible. L’armée s’emploie actuellement à informer les familles des victimes, dont les corps ont été rapatriés par hélicoptère vers Kandi, une ville située à une heure du site de l’attaque, au nord du Bénin.
Dans un message adressé à ses camarades, le chef d’état-major de la garde nationale, ancien responsable de l’opération Mirador, a lancé un appel au courage et à la résilience. Le colonel Gomina Faizou a déclaré : « Le matériel à lui seul ne suffit pas pour gagner… Réveillez-vous ! Nous n’allons pas plier, nous n’allons pas périr, nous vaincrons. »
Le président Patrice Talon a récemment souligné que les terroristes, opérant en toute liberté dans les pays voisins, continuent de mettre à l’épreuve l’armée béninoise sur les lignes frontières du nord, malgré les efforts déployés.
Cette attaque a suscité une condamnation unanime au Bénin. Le parti d’opposition Les Démocrates a qualifié cet événement de « tragédie nationale de grande ampleur ». Les deux principaux partis du camp présidentiel, le Bloc républicain et l’Union progressiste pour le renouveau, ont rendu hommage aux soldats tombés et ont appelé à l’unité et à la solidarité. Le président de l’Assemblée nationale a également publié un message dans le même esprit.
L’opposition a demandé à Patrice Talon de décréter « un deuil national de trois jours » et l’a exhorté à adopter une approche régionale dans la lutte contre le terrorisme, en collaborant avec le Niger et le Burkina Faso, deux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Le leader du mouvement Demain Il fera beau a affirmé que « Patrice Talon n’en fait pas encore assez » pour faire face à cette menace croissante.
Thom Biakpa