Romuald Wadagni, le ministre béninois de l’économie et des finances choisi par Patrice Talon pour lui succéder en 2026/ AP
Dans un contexte politique en pleine mutation, Romuald Wadagni, actuel ministre d’État de l’Économie et des Finances, a été désigné par la mouvance présidentielle comme le candidat à la présidentielle de 2026. À 49 ans, ce technocrate reconnu, jusqu’ici plus à l’aise avec les chiffres qu’avec les foules, est appelé à franchir un nouveau cap en entrant dans l’arène politique.
Dans la nuit du 30 au 31 août, l’Union Progressiste – Le Renouveau (UP-R) et le Bloc Républicain (BR) ont tranché en faveur de Wadagni, le plaçant en position de successeur de Patrice Talon, l’actuel président. Ce choix, qui semblait logique au regard de son parcours et de sa capacité à rassembler, témoigne de la volonté de maintenir une continuité économique tout en faisant face à des attentes sociales croissantes.
Un parcours académique exceptionnel
Né en 1976 à Lokossa, dans le sud du Bénin, Romuald Wadagni est le fils d’un statisticien-économiste. Très tôt, il s’oriente vers les mathématiques appliquées et la finance. Après avoir obtenu un master à Grenoble, dont il sort major, il devient expert-comptable certifié aux États-Unis et termine sa formation à la prestigieuse Harvard Business School. Ce parcours académique impressionnant lui ouvre les portes de Deloitte, où il gravira les échelons pendant 17 ans, devenant l’un des plus jeunes associés en France et prenant en charge le développement africain du cabinet.
Une entrée fracassante dans le monde politique
C’est en 2016, lorsque Patrice Talon accède à la présidence, que Wadagni entre en politique en tant que ministre de l’Économie et des Finances. Sa nomination, saluée comme un signe de rupture, marque le début d’une ère de réformes économiques audacieuses. Connu pour sa rigueur budgétaire et son approche axée sur la réduction des gaspillages, il séduit rapidement les bailleurs internationaux et renforce la crédibilité financière du pays.
Sous sa direction, le Bénin est devenu un modèle de transparence budgétaire en Afrique francophone, multipliant les opérations inédites sur les marchés financiers, comme les émissions obligataires internationales. Sa stratégie de restructuration de la dette a également permis d’améliorer la composition et le coût de celle-ci, tout en maintenant une croissance soutenue malgré les défis économiques mondiaux.
Un rôle clé sur la scène régionale
Wadagni ne se limite pas aux frontières du Bénin. De 2018 à 2020, il préside le Conseil des ministres de l’UEMOA et participe activement aux discussions sur des sujets cruciaux tels que la réforme du franc CFA. En tant que gouverneur du Bénin auprès du FMI et de la Banque mondiale, il plaide pour des financements climatiques adaptés aux réalités africaines, tout en se distanciant des positions de ses homologues sur l’annulation de la dette pendant la pandémie de Covid-19.
Les défis d’une candidature
Malgré ses nombreux atouts, la candidature de Wadagni n’est pas sans défis. Son profil de technocrate, bien que respecté, manque d’un lien direct avec le public. Sa communication, souvent jugée trop sobre, pourrait poser problème dans une campagne électorale où l’adhésion populaire est cruciale. De plus, il devra naviguer la complexité de l’héritage de Patrice Talon, en répondant aux attentes des classes moyennes et populaires sur des questions telles que l’emploi, les prix et la protection sociale.
En face, le principal parti d’opposition, Les Démocrates, doit également désigner son candidat, avec l’appui de l’ancien président Yayi Boni, dont la popularité reste élevée. Ce contexte politique dynamique fait de la prochaine élection présidentielle un enjeu majeur pour le Bénin.
En somme, Romuald Wadagni, fort d’un parcours impressionnant et d’une solide expérience technique, se prépare à relever le défi de la politique, tout en devant composer avec les attentes d’un électorat en quête de solutions concrètes et d’un changement tangible.
Thom Biakpa
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