Le capitaine Ibrahim Traoré, chef du régime militaire au Burkina Faso / Wikimedia
Le capitaine Ibrahim Traoré, chef du régime burkinabé, a confirmé lors d’une interview, le 28 septembre 2025 l’arrestation de six fonctionnaires ivoiriens. Ces agents, travaillant pour la Direction ivoirienne d’aide et d’assistance aux réfugiés et apatrides (Daara), ont été interpellés fin août par des éléments de l’armée burkinabè, après avoir “franchi la frontière” pour mener une mission d’identification de réfugiés près de la frontière burkinabè.
Cette situation a été rapportée par la presse ivoirienne, qui avait initialement accusé les forces burkinabè d’avoir capturé ces agents en territoire ivoirien. Cependant, le capitaine Traoré a affirmé que l’arrestation avait bien eu lieu sur le sol burkinabè, insistant sur le fait que toute personne franchissant la frontière pour mener des activités non autorisées engageait des actes d’espionnage : « Chaque fois que quelqu’un franchit la frontière et mène des actions, ça c’est de l’espionnage. Donc c’est logique qu’on les arrête et qu’on les entende », a-t-il déclaré lors de l’entretien diffusé sur la télévision d’État.
Le capitaine Traoré a également rappelé que des gendarmes ivoiriens avaient été arrêtés pour des raisons similaires dans le passé, soulignant une tendance à l’interpellation d’agents des deux côtés de la frontière poreuse, qui s’étend sur près de 600 km et est souvent mal délimitée. Ce contexte de tensions entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire est alimenté par des accusations réciproques de déstabilisation.
Dans cette interview, Traoré a dénoncé ce qu’il considère comme de nombreuses tentatives de déstabilisation de son pays, affirmant que certaines forces étrangères encerclent le Burkina Faso en s’installant dans les pays voisins. Il a une nouvelle foisaccusé la Côte d’Ivoire d’héberger des opposants et de servir de base arrière aux groupes terroristes. « Les ennemis du Burkina sont clairement là-bas, affichés, protégés », a-t-il déclaré, remettant en question la capacité de l’armée ivoirienne à gérer la menace terroriste dans la région.
Le climat de méfiance entre les deux nations est aggravé par des incidents comme la mort en juillet dernier d’Alain Christophe Traoré, un influenceur burkinabè, qui est décédé alors qu’il était détenu à l’école de gendarmerie d’Abidjan pour “intelligence avec des agents d’un État étranger”. Cet événement a suscité des préoccupations quant à la sécurité des ressortissants burkinabè en Côte d’Ivoire et a ravivé les tensions entre les deux pays.
Alors que le Burkina Faso continue de naviguer dans un environnement politique délicat, les accusations de déstabilisation et les arrestations mutuelles illustrent les défis complexes auxquels font face ces deux nations. Les relations tendues entre Ouagadougou et Abidjan soulignent la nécessité d’un dialogue constructif pour résoudre les différends et garantir la sécurité des citoyens de part et d’autre de la frontière.
Thom Biakpa