Une manifestation de l’opposition réprimée le dimanche 26 octobre au Cameroun/ Reuters
Au lendemain de la réélection contestée de Paul Biya pour un huitième mandat, l’Union européenne (UE) a vivement condamné la répression des manifestations qui ont éclaté au Cameroun. Plusieurs civils ont été tués lors des heurts entre manifestants et forces de sécurité, notamment à Douala et Garoua.
Dans une déclaration rendue publique mardi à Bruxelles, le porte-parole de la Commission européenne, Anouar El Anouni, a exprimé la « profonde préoccupation » de l’UE face à « la répression violente des manifestations » et à « la mort par arme à feu de plusieurs civils ». L’organisation européenne a exhorté les autorités camerounaises à « identifier les responsabilités, faire preuve de transparence et rendre justice », tout en mettant fin aux « violations des droits humains ».
Un scrutin contesté
Selon les résultats officiels, Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, a été réélu avec 53,66 % des voix. Mais son principal opposant, Issa Tchiroma Bakary, rejette ces chiffres et revendique la victoire, accusant le régime d’avoir orchestré de « vastes fraudes électorales ».
En dépit de l’interdiction des autorités, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche et lundi dans plusieurs villes du pays, répondant à l’appel de l’opposition. À Douala, la capitale économique, et à Garoua, dans le nord, les rassemblements ont été dispersés par les forces de sécurité à l’aide de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles, selon des témoins sur place. Le nombre exact de victimes reste inconnu, mais plusieurs morts ont été signalés.
Appel au dialogue et à la retenue
L’Union européenne a également demandé la libération immédiate des personnes arrêtées arbitrairement depuis la proclamation des résultats, tout en appelant « toutes les parties à faire preuve de retenue ».
La réaction de Bruxelles fait écho à celle du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, qui s’était dit lundi « profondément inquiet » face à des « informations choquantes » sur des civils « tués, blessés ou arrêtés » lors de ces manifestations.
Alors que la tension reste forte au Cameroun, la communauté internationale multiplie les appels au calme et au dialogue politique, exhortant le gouvernement et l’opposition à trouver une issue pacifique à la crise post-électorale.
Thom Biakpa




