À moins de trois semaines de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2024 au Maroc, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a créé la surprise sans vraiment en être une, en annonçant, lundi 1ᵉʳ décembre, le licenciement du sélectionneur belge Marc Brys. Cette décision marque un nouvel épisode dans un long bras de fer institutionnel qui secoue le football camerounais depuis plusieurs mois.
Un divorce annoncé entre Brys et Eto’o
La relation entre Marc Brys, nommé en mai 2024 par le ministère des Sports, et Samuel Eto’o, fraîchement réélu président de la Fecafoot, n’a jamais trouvé le terrain de l’apaisement. Nommé hors du cadre habituel de la fédération, le coach belge apparaissait d’emblée comme un corps étranger au sein du système fédéral. Eto’o avait d’ailleurs prévenu : « Aucun joueur, aucun entraîneur ne sera plus au-dessus du Cameroun », une déclaration que beaucoup avaient interprétée comme un avertissement adressé à Brys.
Les tensions récurrentes entre les deux autorités, à savoir : le ministère et la Fecafoot ont fini par éclater au grand jour, fragilisant progressivement la position du technicien belge. Le comité d’urgence de la Fecafoot a évoqué, dans son communiqué, de mauvais résultats, mais aussi « de multiples incidents » et « des actes et propos irrévérencieux » pour justifier le licenciement.
Un bilan sportif insuffisant
Sur le plan sportif, Marc Brys n’a pas réussi à inverser la tendance. Certes, le Cameroun a obtenu son ticket pour la CAN 2024, mais les performances globales restent jugées décevantes: un 2ᵉ place derrière le Cap-Vert lors des qualifications au Mondial, élimination en demi-finales des barrages face à la RDC, une cohésion de groupe et une dynamique de jeu qui n’ont jamais atteint les niveaux espérés. Ces résultats, additionnés aux tensions politiques, ont scellé le sort du sélectionneur.
David Pagou propulsé à la tête des Lions indomptables
Pour assurer la continuité à l’approche de la CAN, la Fecafoot a nommé David Pagou, 56 ans, ancien adjoint numéro deux de Brys, comme nouveau sélectionneur. Une transition express, puisqu’il a dans la foulée dévoilé sa liste des 28 joueurs retenus pour la compétition.
Et les choix sont loin d’être anecdotiques. Pagou a opté pour un renouveau générationnel, écartant plusieurs cadres historiques, dont Vincent Aboubakar (capitaine), Frank Zambo Anguissa (vice-capitaine) et André Onana (gardien titulaire).
Une décision forte, qui pourrait ouvrir une nouvelle ère ou provoquer de nouvelles turbulences internes.
Un feuilleton loin d’être terminé
Si la Fecafoot a acté le départ de Marc Brys, le ministère des Sports n’a pas encore réagi, laissant planer le doute sur d’éventuels rebondissements. Le conflit institutionnel entre les deux entités, qui dure depuis des mois, pourrait connaître un nouveau chapitre à l’approche de la CAN.
À 20 jours du début de la compétition, le Cameroun se retrouve à la croisée des chemins, entre volonté de reconstruction et instabilité chronique. Le défi est immense pour David Pagou, chargé de ramener sérénité, cohésion et performance à une sélection en pleine mutation.
Thom Biakpa




