C’est la désolation à Goma après l’offensive du M23/ photo: Anadolu Ajansi
Le bilan des affrontements survenus la semaine dernière à Goma, en République Démocratique du Congo, est tragique : près de 3 000 personnes ont perdu la vie, selon les dernières estimations des Nations Unies, publiées ce mardi 4 février. Les organisations humanitaires expriment de vives inquiétudes face à la menace d’épidémies qui pourrait découler de cette crise.
Les combats, marqués par des tirs à l’arme lourde et des affrontements en milieu urbain, ont laissé la ville dans un état de désolation. Les hôpitaux, déjà saturés et manquant de ressources, peinent à trier les blessés pour sauver ceux qui en ont encore la possibilité. Des cadavres flottent dans le lac Kivu et gisent dans les rues, illustrant l’ampleur de la catastrophe. BounenaSidi Mohamed, directeur adjoint de l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires) en RDC, a déclaré : « Au moins 2 000 corps ont été enterrés par les communautés locales, tandis que 900 corps demeurent dans les morgues des hôpitaux de Goma. De nombreux corps en état de décomposition sont abandonnés dans certaines zones, notamment à l’aéroport et à la prison de Goma. »
Les organisations humanitaires sont particulièrement préoccupées par les risques sanitaires qui menacent la population. Bounena Sidi Mohamed a souligné les défis auxquels font face les acteurs humanitaires, notamment la pénurie de sacs mortuaires. « Actuellement, nous ne disposons que de 500 sacs, dont 100 pour enfants et 400 pour adultes. L’enterrement rapide est crucial pour prévenir des épidémies. Nous collaborons avec nos partenaires pour accélérer cette opération », a-t-il ajouté.
Les informations recueillies indiquent que 70 % des blessés pris en charge par le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) sont des civils, touchés par des balles et des éclats d’obus. Bien que les combats aient cessé, l’accès humanitaire reste complexe. L’OCHA appelle à l’établissement d’un corridor humanitaire. « L’accès humanitaire est limité. Il est urgent d’ouvrir un corridor pour permettre l’arrivée de fournitures médicales, l’évacuation des blessés et l’acheminement de l’aide humanitaire. Nous sommes dans une situation d’urgence extrême. Chaque jour qui passe aggrave la crise. L’aide humanitaire doit pouvoir arriver sans entraves », a-t-il insisté.
La situation est d’autant plus préoccupante en raison de la crise sanitaire et de la pénurie de médicaments. Les Nations Unies ont averti que le risque d’épidémies de choléra, de rougeole et de Mpox est élevé dans ce contexte.
Dans une déclaration à la presse, le coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC a plaidé pour la réouverture urgente de l’aéroport de Goma, un point d’accès crucial non seulement pour l’aide humanitaire, mais aussi pour l’évacuation sanitaire des cas les plus graves. La communauté internationale doit agir rapidement pour répondre à cette crise humanitaire sans précédent.
Thom Biakpa