Sans surprise, le Parti congolais du travail (PCT) a officialisé la candidature de Denis Sassou Nguesso à l’élection présidentielle prévue le 22 mars 2026. À 82 ans, le chef de l’État, figure centrale de la vie politique congolaise depuis plus de quatre décennies, se prépare ainsi à briguer un nouveau mandat, au nom de la stabilité et de la continuité, selon ses partisans.
Réunis à Brazzaville du 27 au 30 décembre, les délégués du sixième congrès ordinaire du PCT ont validé cette désignation à l’unanimité. Bien que physiquement absent, Denis Sassou Nguesso a dominé les débats, au point d’être élevé au rang symbolique de « Très grand camarade », une distinction qui traduit l’emprise durable du président sur son parti et sur la majorité présidentielle.
Une longévité politique exceptionnelle
L’itinéraire politique de Denis Sassou Nguesso est marqué par une rare longévité. Arrivé au pouvoir en 1979 dans un contexte de parti unique, il dirige le pays jusqu’en 1992 avant d’être battu lors des premières élections pluralistes. Cinq ans plus tard, à l’issue d’une guerre civile, il reprend les rênes de l’État. Depuis, il a été régulièrement reconduit, notamment après la réforme constitutionnelle de 2015, qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Cette modification de la Constitution a ouvert la voie à ses réélections en 2016 et 2021, et permet aujourd’hui sa candidature pour 2026, une perspective qui cristallise les tensions politiques.
Une opposition critique mais fragilisée
Du côté de la société civile et de l’opposition, l’annonce suscite de vives réactions. Plusieurs responsables dénoncent un système politique fermé, peu propice à l’alternance démocratique. Pour certains acteurs des droits humains, cette nouvelle candidature symbolise l’enracinement d’un pouvoir jugé immuable et éloigné des aspirations d’une population confrontée à la pauvreté et aux inégalités.
L’opposition peine cependant à faire entendre une voix unifiée. Bien qu’une alliance ait vu le jour en 2023 entre plusieurs formations extra-parlementaires, son poids politique reste limité. La situation est d’autant plus délicate que deux figures majeures de l’opposition, Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, sont toujours incarcérées depuis leur condamnation à vingt ans de prison après la présidentielle de 2016, dont les résultats avaient été contestés.
Un climat politique sous tension
À l’approche du scrutin, les inquiétudes portent également sur l’état des libertés publiques. Des organisations de la société civile alertent sur des pressions et des menaces visant des opposants, appelant les autorités à garantir un processus électoral transparent et respectueux des droits fondamentaux. Le vote anticipé des forces armées, prévu cinq jours avant le scrutin général, alimente aussi les débats, malgré les assurances officielles évoquant des impératifs de sécurité.
La stabilité comme argument central du pouvoir
Face aux critiques, le camp présidentiel assume pleinement son choix. Pour les dirigeants du PCT, Denis Sassou Nguesso incarne l’expérience et la stabilité dans un pays d’environ six millions d’habitants, riche en ressources naturelles mais confronté à de lourds défis économiques et sociaux. Le président est présenté comme le garant de la paix et de la cohésion nationale, dans un contexte régional parfois instable.
À un peu plus d’un an de l’élection, la présidentielle de 2026 s’annonce ainsi comme un nouveau test pour la vie démocratique congolaise, opposant une logique de continuité revendiquée par le pouvoir à une aspiration au changement portée, avec difficulté, par ses détracteurs.
Thom Biakpa




