Une manifestation du Front Commun à Abidjan/ AFP
À moins de deux semaines du scrutin prévu le 25 octobre, Amnesty International s’inquiète de la répression croissante des manifestations en Côte d’Ivoire et exige la libération immédiate des personnes arrêtées. Dans un contexte politique tendu, l’organisation de défense des droits humains souligne les restrictions aux libertés publiques, ainsi que le risque d’escalade de la violence.
La situation préélectorale est marquée par une montée des tensions, notamment suite au rejet par le Conseil constitutionnel des candidatures de figures emblématiques de l’opposition, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam. Cette décision a suscité la colère des partisans de ces leaders, entraînant l’interdiction de toute manifestation contestataire.
Malgré cette interdiction, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs localités, notamment dans des bastions de l’opposition, les 14 et 15 octobre. À Bonoua, un homme a été tué par balle, tandis que le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Gbagbo affirme que les forces de l’ordre sont responsables de cet incident. De plus, des rapports font état de la mort d’un bébé asphyxié par des gaz lacrymogènes à Adzopé.
Dans un communiqué publié le 12 octobre, Amnesty International a exhorté le gouvernement ivoirien à “arrêter de réprimer les manifestations pacifiques” et à “protéger le droit de manifester”. Marceau Sivieude, directeur régional d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a déclaré que “toute personne détenue pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains doit être libérée immédiatement”. L’organisation a également demandé aux autorités de fournir des informations sur les arrestations et de garantir aux détenus l’accès à un avocat et à leurs familles.
Au cours d’un week-end agité, plus de 700 personnes ont été interpellées en seulement deux jours. Une marche organisée à Abidjan par un front commun regroupant le PPA-CI et le parti de Tidjane Thiam a été dispersée par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène, sous prétexte de maintenir l’ordre public. Les manifestants exprimaient leur opposition non seulement à l’exclusion des candidatures de l’opposition, mais aussi à la perspective d’un quatrième mandat pour le président Alassane Ouattara.
Le ministre de l’Intérieur, Vagondo Diomandé, a averti que “ceux qui ont été pris dans le cadre d’une manifestation non autorisée répondront devant la loi”. Cette déclaration souligne la détermination du gouvernement à réprimer les manifestations, exacerbant ainsi les tensions à l’approche d’une élection déjà controversée.
L’appel d’Amnesty International met en lumière les préoccupations croissantes concernant la liberté d’expression et le droit de manifester en Côte d’Ivoire, alors que le pays se dirige vers un scrutin crucial dans un climat de méfiance et d’hostilité.
Thom Biakpa