Le journaliste Hugues Comlan Sossoukpè détenu à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme du Bénin/ J.A
La Côte d’Ivoire se retrouve au cœur d’une controverse suite à l’arrestation du journaliste béninois Hugues Comlan Sossoukpè, le 10 juillet dernier à Abidjan. Directeur de publication du média en ligne Olofofo, Sossoukpè est connu pour ses critiques acerbes envers le régime béninois. Son interpellation, suivie de son extradition vers le Bénin, a suscité de vives réactions, d’autant plus qu’il avait été officiellement invité par les autorités ivoiriennes à participer à un salon de l’innovation digitale.
Les autorités ivoiriennes ont rapidement réagi en affirmant avoir respecté toutes les procédures légales. Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, a déclaré à l’AFP que les autorités n’étaient pas au courant du statut de réfugié de Sossoukpè au moment de son invitation. Il a précisé que le mandat d’arrêt international émis par le Bénin n’était pas connu à ce moment-là. Selon lui, l’invitation adressée au journaliste s’inscrivait dans un cadre professionnel, visant à rassembler une cinquantaine de journalistes sur la base de leurs compétences.
Concernant l’arrestation, Coulibaly a insisté sur la légalité de la procédure, affirmant qu’il s’agissait simplement de l’exécution d’un mandat judiciaire dans le cadre de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Bénin. Cependant, cette explication n’a pas convaincu tout le monde. Les avocats de Sossoukpè, ainsi que l’organisation Reporters sans frontières, dénoncent ce qu’ils qualifient d’enlèvement, en violation de son statut de réfugié, et alertent sur une atteinte grave à la liberté de la presse.
Actuellement, Hugues Comlan Sossoukpè est détenu à Ouidah, dans le sud du Bénin, où il fait face à des accusations de harcèlement via un système informatique, de rébellion et d’apologie du terrorisme. Cette affaire soulève des questions importantes sur la protection des journalistes et la liberté d’expression dans la région, alors que les tensions politiques continuent d’affecter le paysage médiatique en Afrique de l’Ouest.
Thom Biakpa