Laurent Gbagbo, président du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a révélé, ce samedi 26 avril 2025, lors de l’ouverture de la première réunion du Comité Central de son parti pour l’année, la création imminente d’un mouvement de protestation sociale intitulé “Trop c’est trop ! ”. Ce mouvement, selon l’ancien chef d’État, sera une plateforme d’expression dédiée à tous les Ivoiriens victimes d’abus, d’oppressions et d’injustices sociales.
“Nous devons unir toutes les voix qui s’élèvent contre l’injustice. Si ta maison a été détruite, nous t’accueillons. Si tu es sous-payé, nous t’accueillons. Si la vie devient trop chère pour toi, nous t’accueillons. La viande, le poisson, l’huile, le riz, l’attiéké… tout cela devient inabordable, et tu peines à te nourrir, nous t’accueillons. Si on te prend ta forêt ou ton terrain, nous t’accueillons. Ce mouvement s’appelle ‘Trop c’est trop !’ car, en effet, il y a des limites à ce que l’on peut supporter !” a-t-il déclaré avec ferveur.
Gbagbo a chargé le président exécutif du PPA-CI, Sébastien Dano Djédjé, de s’atteler à la mise en place de ce mouvement dans les semaines à venir. Il a souligné que “Trop c’est trop” transcende les clivages politiques.
“Si tu es membre d’un autre parti mais que tu subis une injustice sociale, si ton enfant ne peut pas poursuivre ses études malgré ses diplômes, rejoins trop c’est trop. Il est crucial que ‘Trop c’est trop’ émerge pour que ceux qui n’ont pas compris l’appel de Bonoua saisissent enfin notre message. Chers camarades, voici notre combat : il s’agit d’une protestation multiforme et permanente pour faire entendre que trop c’est trop ! Ce mouvement est ouvert à tous ceux qui souhaitent dénoncer les dérives de la politique en Côte d’Ivoire. Nous devons leur montrer comment réagir face à la faim et à la soif. Pour cela, chers camarades, restons vigilants et déterminés”, a-t-il expliqué.
Concernant les manifestations de rue, Gbagbo a précisé que le moment n’est pas propice à de telles actions. “Nous prendrons les rues un jour, mais pas lorsque notre adversaire nous attend avec un gourdin. Je sais qu’ils m’attendent, mais ce n’est pas le moment”, a-t-il affirmé.
Au cours de son intervention, Gbagbo a également évoqué le PDCI-RDA, dont le président Tidjane Thiam a récemment été radié de la liste électorale provisoire pour perte de nationalité ivoirienne. “Nous sommes ici pour garantir la liberté des Ivoiriens, et c’est notre vocation. La lutte pour notre liberté est aussi celle de leur liberté. Nous ne laisserons pas le PDCI s’éteindre à cause de ses problèmes. Nous ne portons pas de jugement sur les uns ou les autres. Le PDCI est une expression politique en Côte d’Ivoire, et toutes les expressions politiques doivent exister”, a-t-il souligné.
Le président du PPA-CI a également exprimé sa volonté de dialoguer avec le pouvoir en place. “Demandez à ceux qui sont en face de moi s’ils sont ouverts au dialogue. Je n’ai jamais pris les armes pour provoquer une guerre civile. Si ceux qui sont au pouvoir sont d’accord, nous trouverons un terrain d’entente. Qu’ils m’appellent, et nous verrons”, a-t-il lancé.
Il a terminé en appelant le pouvoir à “se corriger et à améliorer la situation du pays”, soulignant ainsi l’urgence d’un changement positif pour le bien-être des Ivoiriens.
Un Ultimatum au Pouvoir !
Lors de cette réunion, en plus d’annoncer la création imminente du mouvement « Trop c’est trop ! », une plateforme d’expression, de protestation et de dénonciation sociale destinée à toutes les victimes d’injustice, d’exclusion et de mépris, le PPA-CI a également lancé un ultimatum clair au pouvoir, comme l’a souligné Maître Habiba Touré, porte-parole du parti, dans le communiqué final.
“Le Comité Central a décidé d’évaluer, dans la première quinzaine de juin 2025, l’évolution de la mobilisation ainsi que les réponses ou les silences du pouvoir. Si aucune amélioration n’est constatée après ce délai, le PPA-CI se réserve le droit d’envisager une nouvelle phase de lutte, plus déterminée et mieux structurée, en adéquation avec la gravité de la situation. Face à un pouvoir sourd, il arrive parfois qu’il n’y ait d’autre choix que de se dresser”, a déclaré Maître Habiba Touré.
Elle a également précisé que “le PPA-CI fait le choix de la paix, de la lucidité et de l’unité. Cependant, notre patience a des limites. En tout état de cause, le Comité Central mandate la direction du Parti pour élaborer et transmettre aux structures du Parti des mots d’ordre précis à exécuter en temps opportun. Le Comité Central reste attentif à l’ensemble des dossiers et suit de près la mise en œuvre des décisions arrêtées, car trop c’est trop”, a-t-elle conclu.
Thom Biakpa