La recomposition politique issue des législatives ivoiriennes confirme sans surprise la suprématie du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Deux mois après une présidentielle déjà très largement remportée par Alassane Ouattara, le parti au pouvoir s’apprête à contrôler l’Assemblée nationale sans réelle contestation.
Les premiers résultats communiqués par la Commission électorale indépendante (CEI), couvrant près de 170 des 255 sièges, suffisent à installer le RHDP au-delà du seuil de la majorité absolue. Avec plus de 128 députés déjà acquis, la formation présidentielle sécurise un pouvoir législatif solide pour les années à venir, avant même la proclamation définitive des résultats.
Une victoire dans un contexte de faible mobilisation
Si la domination du RHDP est électoralement incontestable, elle s’inscrit dans un contexte de participation en net recul. À peine un tiers des électeurs inscrits se sont rendus aux urnes, un taux inférieur à celui des précédentes législatives de 2021. Cette démobilisation traduit à la fois la fatigue électorale et l’affaiblissement structurel de l’opposition, largement absente ou fragmentée dans de nombreuses circonscriptions.
Dans plusieurs zones du nord du pays, fiefs traditionnels du parti présidentiel, les résultats frôlent l’unanimité. À Bouaké, Korhogo, Boundiali ou Odienné, le RHDP s’impose sans concurrence réelle. Plus significatif encore, le parti progresse dans des régions longtemps plus disputées, notamment dans le sud et l’ouest, confirmant son ancrage national.
Une opposition marginalisée mais pas effacée
Face à cette machine électorale, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) limite les pertes sans inverser la tendance. Il conserve quelques bastions urbains à Abidjan, notamment à Cocody, Port-Bouet et au Plateau, et parvient à faire réélire certaines figures, y compris dans des conditions politiques difficiles. Le cas de Soumaïla Bredoumy, reconduit alors qu’il est incarcéré, illustre à la fois la résilience du parti et les tensions persistantes autour du jeu politique ivoirien.
Quelques candidats indépendants feront également leur entrée à l’Assemblée, mais leur poids restera marginal dans un hémicycle largement dominé par le RHDP.
Un pouvoir renforcé, des questions ouvertes
Avec une présidence confortée et un Parlement acquis, le pouvoir ivoirien dispose désormais d’une marge de manœuvre politique considérable. Reste toutefois en suspens la question de la représentativité démocratique, dans un contexte marqué par l’exclusion de figures majeures de l’opposition, une faible participation et un pluralisme politique affaibli.
Cette législature s’ouvre donc sous le signe de la stabilité institutionnelle, mais aussi d’un défi majeur : restaurer la confiance électorale et rééquilibrer un débat politique aujourd’hui largement asymétrique.
Thom Biakpa




