Alino Faso, activiste burkinabè mort en détention à Abidjan/ Wikimédia
Les autorités du Burkina Faso ont exprimé leur indignation suite au décès de l’influenceur burkinabè Alino Faso, survenu durant sa détention à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Alain Traoré, de son vrai nom, était incarcéré depuis janvier dernier et faisait face à des accusations d‘« intelligence avec des agents d’un État étranger » et de « complot ». La mort d’Alino Faso a été annoncée dimanche par le Procureur de la République ivoirien, qui a déclaré qu’il s’était suicidé. Une enquête est actuellement en cours, mais les autorités burkinabè réclament des éclaircissements.
Dans un communiqué, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, a affirmé : « Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur ce drame. » Il a également convoqué la chargée d’Affaires de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Ouagadougou pour obtenir confirmation du décès. Le ministre a qualifié la situation de « triste nouvelle » et a exprimé son indignation face à une procédure qu’il juge non conforme aux principes diplomatiques. Il a critiqué le délai de près de trois jours entre le décès et son annonce officielle, ainsi que la manière dont l’information a été communiquée, qualifiée de « lapidaire ».
Les autorités militaires burkinabè ont également exigé une enquête approfondie et le rapatriement du corps d’Alino Faso. Elles ont exprimé des doutes quant aux raisons de sa détention prolongée dans une caserne de gendarmerie et ont rejeté la thèse du suicide avancée par les autorités ivoiriennes. Le ministre de la Communication a condamné cette disparition, la qualifiant d‘«assassinat crapuleux » et a dénoncé une tentative de dissimuler la vérité.
À Abidjan, la mort d’Alino Faso suscite de nombreuses interrogations. Ancien propriétaire d’une rôtisserie dans la commune de Marcory, ses voisins se disent choqués par la nouvelle. « Il était vraiment quelqu’un de serviable et ouvert, c’était vraiment quelqu’un de généreux… dire qu’il s’est suicidé, franchement, c’est fort », a déclaré l’un d’eux. Les habitants espèrent que l’enquête permettra de faire la lumière sur les circonstances de sa mort.
Les doutes persistent également concernant les conditions de détention d’Alino Faso. Selon son avocat, la famille n’a été informée de son décès que par le communiqué publié trois jours après les faits. Moumouni Sawadogo, délégué des Burkinabè de Côte d’Ivoire, a exprimé son souhait d’obtenir des explications officielles : « Quand tu perds un parent, tu dois savoir de quoi il a été disparu. »
Au sein de la diaspora burkinabè, beaucoup craignent que ce décès n’aggrave les relations déjà tendues entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Les autorités burkinabè continuent de réclamer des réponses et une enquête transparente sur cette affaire tragique.
Thom Biakpa