L’affaire illustre une fois de plus la fragilité des relations entre Bamako et Abidjan. Mamadou Hawa Gassama, membre du Conseil national de transition (CNT) du Mali, sera prochainement jugé en Côte d’Ivoire pour des propos jugés offensants à l’encontre du président ivoirien Alassane Ouattara. L’annonce a été faite mardi 30 décembre par son avocat.
Arrêté en juillet dernier alors qu’il se trouvait en Côte d’Ivoire pour un séjour privé, le parlementaire malien est poursuivi pour deux chefs d’accusation : « offense au chef de l’État » et « diffusion d’expressions outrageantes par internet ». Après plusieurs mois d’instruction, le doyen des juges a estimé que les éléments du dossier étaient suffisants pour un renvoi devant le tribunal correctionnel. Aucune date d’audience n’a, pour l’heure, été communiquée.
Les poursuites trouvent leur origine dans une interview accordée en 2022 à un média malien. Mamadou Hawa Gassama y critiquait vivement le président ivoirien, dans un contexte de fortes tensions régionales. À l’époque, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait imposé un embargo économique et financier au Mali afin de sanctionner les coups d’État militaires de 2020 et 2021. Le parlementaire avait notamment qualifié Alassane Ouattara « d’ennemi du Mali ».
Ces déclarations, diffusées en ligne, tombent sous le coup de la législation ivoirienne. Le code pénal prévoit des peines pouvant aller de trois mois à deux ans de prison pour offense au chef de l’État, et de un à cinq ans pour la diffusion de propos outrageants sur internet.
Au-delà du cas judiciaire, cette affaire s’inscrit dans un climat diplomatique tendu entre la Côte d’Ivoire et le Mali depuis l’arrivée au pouvoir du général Assimi Goïta. Elle soulève également la question sensible de la liberté d’expression des responsables politiques à l’étranger et de ses limites face aux législations nationales.
Le procès de Mamadou Hawa Gassama est désormais attendu comme un nouvel épisode d’un bras de fer politique et judiciaire qui dépasse largement le sort d’un seul homme.
Thom Biakpa




