Les leaders de l’opposition politique ivoirienne/ AFP
Le président ivoirien Alassane Ouattara a officiellement déclaré sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, ouvrant ainsi la voie à un quatrième mandat. Cette annonce, faite hier, a suscité des réactions contrastées au sein de la population et des acteurs politiques du pays.
Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), la candidature de Ouattara a été accueillie avec enthousiasme. Ibrahima Cissé Bacongo, secrétaire exécutif du RHDP, a qualifié cet événement de « moment historique » qui répond aux attentes de la base populaire. Le Premier ministre Robert Beugré Mambé a également appelé à un « ultime effort » pour le peuple, soulignant l’importance de cette candidature pour la continuité des politiques en cours.
Cependant, l’opposition a rapidement dénoncé cette décision, la qualifiant de violation de la Constitution. Pascal Affi N’Guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI), a affirmé que ce quatrième mandat serait « aussi illégal que le troisième » et a promis une victoire de l’opposition dans les urnes. Guillaume Soro, ancien Premier ministre actuellement en exil, a exprimé son indignation sur les réseaux sociaux, accusant Ouattara de « fouler aux pieds la Constitution ivoirienne » et de préparer le terrain pour une nouvelle violation des lois fondamentales du pays.
Au sein du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Damana Adia Pickass a également critiqué la volonté du président de briguer un quatrième mandat, la qualifiant d’ «anti constitutionnelle ». Il a appelé les militants à se préparer à une réaction forte, en attendant le prononcé de Laurent Gbagbo sur cette question.
Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, a également réagi en dénonçant cette annonce comme une atteinte à la démocratie. Il a souligné que cette déclaration coïncidait avec l’annulation d’une manifestation pacifique contre le recul démocratique, affirmant que les Ivoiriens continueront de faire entendre leur voix.
Sur la scène internationale, les réactions sont restées prudentes. Un diplomate européen a souligné l’importance de la stabilité en Côte d’Ivoire, tout en insistant sur la nécessité de garanties démocratiques. Alors que les partisans de Ouattara voient en lui un choix de continuité et d’expérience, l’opposition et plusieurs observateurs mettent en garde contre une dérive du processus démocratique.
À trois mois des élections, la Côte d’Ivoire se trouve à un tournant décisif, où les enjeux politiques et démocratiques sont plus que jamais au cœur des préoccupations des Ivoiriens.
Thom Biakpa