Des leaders de l’opposition ivoirienne convoqués par la police / Capture youtube
Au lendemain de la proclamation officielle de la victoire d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat présidentiel, la tension politique reste palpable en Côte d’Ivoire. Plusieurs cadres des principaux partis d’opposition à savoir le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI de Tidjane Thiam, ont été convoqués par la police, alimentant les inquiétudes quant à une possible nouvelle crise post-électorale.
Des convocations ciblées dans un climat tendu
Selon des sources internes aux partis concernés, une dizaine de responsables du PPA-CI ont reçu des convocations à se présenter à la préfecture de police d’Abidjan. Du côté du PDCI, plusieurs figures locales et régionales ont également été appelées par la police criminelle.
Aucune précision officielle n’a été donnée sur les motifs de ces convocations, mais elles interviennent dans un contexte politique déjà explosif, marqué par les accusations d’exclusion et de partialité dans le processus électoral.
L’élection, tenue le 25 octobre, s’est déroulée sans la participation de deux poids lourds de la vie politique ivoirienne : Laurent Gbagbo, empêché de concourir par la Commission électorale indépendante (CEI), et Tidjane Thiam, dont la candidature a été jugée irrecevable. Ces exclusions ont nourri un sentiment d’injustice au sein de leurs partisans et ravivé le spectre des divisions régionales et partisanes.
Découverte d’armes et soupçons de complot
Le procureur de la République d’Abidjan a annoncé, mardi 28 octobre, la découverte d’armes de guerre dans plusieurs domiciles de la capitale, lors d’opérations liées à une marche interdite organisée le 11 octobre par l’opposition. Parmi les personnes interpellées figureraient des membres présumés du service d’ordre du PPA-CI, ce qui a conduit à de nouvelles convocations de ses responsables.
Les dirigeants du parti de Laurent Gbagbo dénoncent, pour leur part, une manœuvre politique destinée à criminaliser l’opposition et à étouffer toute contestation.
Le scrutin a été émaillé de violents affrontements dans plusieurs régions du sud et de l’ouest du pays, bastions traditionnels de l’opposition. À Nahio, dans le département d’Issia, trois morts et dix-neuf blessés ont été recensés selon un bilan officiel révisé.
Au total, onze personnes auraient perdu la vie depuis la mi-octobre dans le cadre du processus électoral, selon la justice. L’opposition, elle, avance un bilan plus lourd, faisant état d’au moins sept morts supplémentaires non comptabilisés par les autorités.
D’après les chiffres officiels publiés par la CEI, Alassane Ouattara l’emporte avec 89,77 % des voix, pour un taux de participation légèrement supérieur à 50 %. Si le nord du pays, bastion du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a voté massivement, les régions du sud et de l’ouest ont largement boycotté le scrutin, remettant en question la légitimité politique de cette victoire écrasante.
Thom Biakpa




