Le président ivoirien Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo. Ce dernier appelle la communauté internationale à se prononcer sur la légitimité d’un quatrième mandat du président sortant / JA
À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, la tension monte sur la scène politique ivoirienne. Le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, appelle la communauté internationale à se prononcer clairement sur la légitimité d’un éventuel quatrième mandat du président sortant, Alassane Ouattara.
Dans une motion publiée récemment, le PPA-CI dénonce ce qu’il considère comme un passage en force anticonstitutionnel. « Notre Constitution ne prévoit ni trois, ni quatre mandats », rappelle le parti, appelant l’ONU, l’Union africaine et l’Union européenne à « prendre position avec fermeté et cohérence ». Selon le texte, « un silence sur cette question équivaudrait à une complicité avec le régime en place ».
Gbagbo écarté, mais toujours combatif
Radié de la liste électorale depuis 2020 à la suite d’une décision judiciaire, Laurent Gbagbo a vu sa candidature rejetée par le Conseil constitutionnel. Bien qu’écarté du scrutin, il reste actif sur le plan politique et entend désormais porter son combat sur la scène diplomatique. Il insiste sur des « actions pacifiques et démocratiques » pour défendre ce qu’il qualifie de dérive institutionnelle.
Un précédent controversé
En 2020, la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat avait déjà suscité de vives critiques. Le Conseil constitutionnel avait alors validé sa participation au scrutin, estimant que la Constitution de 2016, adoptée après ses deux premiers mandats, remettait les compteurs à zéro.
Cette lecture juridique reste aujourd’hui contestée par une partie de l’opposition, qui redoute un précédent dangereux pour l’alternance démocratique.
Réactions contrastées
Face à ces accusations, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti présidentiel, temporise. « Le processus électoral suit son cours normal », assure Kobénan Kouassi Adjoumani, porte-parole du parti. Il rappelle que « les candidats déclarés éligibles se préparent à entrer en campagne ».
Du côté des observateurs internationaux, la prudence est de mise. En visite à Abidjan, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Leonardo Santos Simão, a appelé à la responsabilité de tous les acteurs politiques. « Les élections doivent être une opportunité pour renforcer la paix, la stabilité et la cohésion sociale », a-t-il déclaré à l’issue d’une mission d’une semaine durant laquelle il a rencontré l’ensemble des parties prenantes.
Vers une médiation internationale ?
Le PPA-CI ne se contente pas d’interpeller. Il demande également la mise en place d’une médiation internationale afin de prévenir une éventuelle crise politique. Selon le parti, l’enjeu dépasse la seule Côte d’Ivoire : il s’agit de la crédibilité des institutions démocratiques dans la région.
Alors que la date du scrutin se rapproche, la question du quatrième mandat d’Alassane Ouattara risque de rester au cœur des débats, sur fond de tensions latentes et de méfiance persistante entre les principaux acteurs politiques.
Thomas Beugré