La mission de la délégation officielle des leaders religieux nigérians arrivée à Niamey le samedi 12 août pour tenter de négocier le dialogue entre les parties, pourrait compter parmi les voies de recours importantes dans la résolution du conflit qui oppose l’armée au pouvoir et la CEDEAO.
En raison des liens ethnoculturels et religieux entre les peuples du Niger et du Nigeria, l’intervention des émissaires venus du pays voisin à la rencontre des autorités nigériennes, ouvrirait les portes aux négociations, tant la notoriété de ces imans et leur implication au plus haut niveau dans les affaires publiques comptent.
« Le Nord du Nigéria est majoritairement peuplé de Haoussa, peuple aussi nombreux au Niger à proximité. Or l’armée nigériane est dominée par des officiers supérieurs Haoussa qui ont eux-mêmes battu le record des coups d’États en Afrique entre 1966 et 1993. L’Afrique a été certes balkanisée géographiquement, mais pas culturellement ».
Patrice Nganang, écrivain et universitaire, expose sur les bases de la solidarité qui existe chez ces deux communautés identiques, de même qu’il aborde les réalités du point de vue stratégique, qui démontrent la difficulté pour Abuja d’intervenir militairement au Niger.
Les échanges entre les leaders religieux du Nigéria et les autorités militaires de Niamey ont abouti à une sortie des officiers supérieurs qui se sont déclarés favorables à la « diplomatie et la paix ».
Un fait inédit qui s’est produit depuis l’avènement des discordes, preuve que ces dignitaires de la foi islamique ont un rôle majeur à jouer pour apporter l’accalmie. Pourtant, les hommes en tenue aux commandes de l’État du Niger se sont montrés hostiles à toute tentative de dialogue malgré la volonté des diplomaties occidentales et des délégations de la CEDEAO à échanger avec eux. « Les peuples Haoussa et Peulh de l’Afrique de l’Ouest imaginent qu’il s’agit d’une guerre orchestrée par les puissances étrangères et quelques dirigeants africains contre leurs sœurs et frères nigériens. Les effets sociologiques et anthropologiques sont au centre de la barrière d’une invasion armée du Niger par les forces ouest africaines », précise l’universitaire.
En début de la semaine dernière des manifestations ont eu lieu à Kano au Nigeria. La foule en colère a hissé dans les rues les couleurs du Niger tandis que les drapeaux de quelques puissances ont été piétinés.
Tchuisseu Lowé
About Author
