Le Naira, la monnaie nigériane est en chute libre. Ce lundi, il a connu l’une des baisses les plus vertigineuses de son histoire sur les marchés officiels et les actions ont enregistré leur plus forte chute en une journée depuis plus d’un an.
La monnaie est tombée à 1 712 nairas pour un dollar en fin de journée sur le marché officiel et à peu près au même niveau sur le marché non officiel, après avoir prolongé ses pertes. Cette situation intervient au moment où le Nigéria est confronté à une pénurie de dollars qui pousse la monnaie a baissé bien que le gouverneur de la banque centrale Olayemi Cardoso ait déclaré que les quantités de liquidités en devises étrangères s’amélioraient.
Un taux d’inflation de 30%
Cette dernière chute de la monnaie et des marchés boursiers intervient après que des données ont montré jeudi que le taux d’inflation du pays s’était encore accéléré en janvier. Ce taux avait atteint près de 30 % en termes annuels, en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires.
Les Nigérians depuis lors, font face à l’une des pires crises économiques en Afrique de l’Ouest depuis des années, déclenchée par une hausse du taux d’inflation, suite à des politiques monétaires ayant entraîné une chute de la monnaie locale à un niveau historiquement bas par rapport au dollar américain, provoquant colère et manifestations à travers le pays.
Selon les dernières statistiques gouvernementales publiées jeudi, le taux d’inflation en janvier a atteint 29,9 %, son plus haut niveau depuis 1996, principalement en raison de la hausse des prix alimentaires et des boissons non alcoolisées.
Le naira lui-même avait encore chuté à 1 524 nairas pour 1 dollar vendredi, ce qui représente une perte de valeur de 230 % au cours de la dernière année. Cela aggrave une situation déjà difficile, réduisant davantage les revenus et les économies tout en mettant sous pression des millions de personnes déjà aux prises avec des difficultés en raison des réformes gouvernementales ayant entraîné la suppression des subventions sur le gaz, ce qui a triplé les prix du gaz et fait augmenter les tarifs des transports.
Avec une population de plus de 210 millions d’habitants, le Nigeria n’est pas seulement le pays le plus peuplé d’Afrique mais aussi la plus grande économie du continent.
Son PIB est principalement tiré par le secteur des services, tels que les technologies de l’information et la banque, suivi par le secteur industriel, comprenant les entreprises de fabrication et de transformation, puis l’agriculture.
Une économie tributaire du pétrole brut
Le défi est que l’économie est loin d’être suffisante pour la population en plein essor du Nigeria, obligé très souvent de s’appuyer fortement sur les importations pour répondre aux besoins quotidiens de ses citoyens. Par conséquent, elle est facilement affectée par des chocs externes tels que le marché parallèle des changes, qui détermine le prix des biens et services.
L’économie elle-même dépend fortement du pétrole brut. De fait, lorsque les prix du pétrole ont chuté en 2014, les autorités ont continué à utiliser les réserves de change pour stabiliser le naira malgré plusieurs taux de change.
Le pays a continué à subventionner le carburant en utilisant les précieuses réserves de change tout en fermant les frontières pour favoriser l’autosuffisance et en limitant l’accès au dollar sur le marché officiel pour les importateurs de certains articles. En conséquence, les prix alimentaires ont augmenté alors qu’un marché parallèle pour le dollar américain prospérait.
Peu de temps après avoir pris les rênes du pouvoir, le président Bola Tinubu a pris des mesures audacieuses pour redresser l’économie en difficulté et attirer les investisseurs.
Il a annoncé la fin des coûteuses subventions sur le gaz, que le gouvernement a jugées non plus viables, tandis que les multiples taux de change du pays ont été unifiés pour permettre aux forces du marché de déterminer le taux de change du naira local par rapport au dollar, ce qui a dévalué la monnaie.
Thom Biakpa