Al- Sissi en route pour un troisième mandat
En Egypte, les populations sont aux urnes depuis le dimanche 10 decembre 2023, pour l’élection du nouveau président de la république. Selon des sources relayées sur place par le confrère « Le Monde », le président sortant, le Maréchal Al-Sissi, est bien parti pour se succéder à lui-même. D’après le confrère, le maréchal Al-Sissi, est quasiment assuré d’être reconduit pour un troisième mandat, à l’issu de ce scrutin qui mobilise en ce moment quelque 67 millions d’électeurs et qui s’étendra jusqu’au mardi 12 décembre 2023, avant les résultats officiels, qui seront annoncés le 18 décembre prochain.
Une campagne électorale noyée par le conflit Israélo-palestinien
La campagne présidentielle s’est déroulée en novembre dans l’ombre de la guerre entre Israël et le Hamas, qui accapare l’attention des médias et de l’opinion publique. Elle est passée dans l’indifférence totale surtout en raison du très peu d’intérêt accordé par les Egyptiens à ce scrutin. Dans ce pays de 106 millions d’habitants confronté à la plus grave crise économique de son histoire, le pouvoir d’achat est la priorité en ce moment des habitants. Deux tiers de la population vit en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. De fait, les Egyptiens sont plus préoccupés par leur survie plutôt que par cette élection dont le vainqueur semble connu d’avance.
Une démocratie en pointillé…
Deux figures de l’opposition ont un temps essayé de se présenter face à Al-Sissi. Mais elles ont rapidement été écartées. Aujourd’hui, l’un d’eux est en prison et l’autre en attente de son procès. Hormis le président sortant, trois candidats globalement inconnus du grand public sont en lice : Farid Zahran, à la tête du Parti égyptien démocratique et social (classé à gauche), Abdel-Sanad Yamama, du Wafd, parti fondé au début du XXe siècle, mais devenu marginal, et Hazem Omar, du Parti populaire républicain.
Malgré les difficultés de l’Egypte, aucune opposition sérieuse ne semble pouvoir exister sous le règne de M. Al-Sissi, cinquième président issu des rangs de l’armée depuis 1962, et qui dirige le pays de manière inflexible après avoir repris le pouvoir des mains de Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans, lors du coup d’Etat du 3 juillet 2013.
Des milliers d’opposants ont été emprisonnés, et si le comité des grâces présidentielles en a libéré un millier en un an, « trois fois plus de personnes » ont été arrêtées au cours de la même période, selon plusieurs ONG.
Notre confrère « Le Monde » présent au Caire pour cette élection, précise que dimanche à l’ouverture du scrutin, des dizaines d’électeurs de tous âges, en majorité des femmes, se pressaient devant l’école Abdine, dans le centre historique du Caire, au milieu d’un important dispositif de sécurité.
Des affiches proclamant « Sortez et participez » s’étalent devant le bureau de vote où un DJ diffuse des chants nationalistes. La participation aux élections présidentielles dans ce pays, connait une baisse depuis plusieurs années, s’élevant à 41,5 % en 2018, alors qu’elle avoisinait 47 % en 2014. Lors de ces deux scrutins, le président Al-Sissi l’avait emporté avec plus de 96 % des suffrages. Le même scénario est en voie de se reproduire.
Thom Biakpa