John Dramani Mahama, nouveau président élu du Ghana / AFP
La Commission électorale ghanéenne a officiellement annoncé, ce lundi 9 décembre, la victoire de John Dramani Mahama à l’élection présidentielle, avec un score impressionnant de 56,55 % des suffrages exprimés. Son principal adversaire, Mahamudu Bawumia, a obtenu 41,01 % des voix. Le vice-président sortant et candidat du Nouveau parti patriotique (NPP) avait déjà reconnu sa défaite dès le dimanche 8 décembre.
Cette victoire marque un retour triomphal pour John Dramani Mahama, ancien président et candidat du Congrès démocratique national (NDC), qui a recueilli plus de 6,3 millions de voix, soit une avance de cinq points par rapport à la performance de Nana Akufo-Addo lors de sa réélection en 2020. Mahamudu Bawumia, quant à lui, a obtenu environ 4,6 millions de voix, confirmant ainsi sa défaite. Les autres candidats se partagent les 3 % restants des suffrages.
Un autre aspect notable de cette élection est le taux de participation, qui s’élève à 60,9 %, un chiffre exceptionnellement bas, près de 20 % de moins que lors des élections de 2020. La Commission électorale a également signalé des difficultés dans neuf circonscriptions, où les résultats n’ont pas pu être collectés en raison de l’intervention de militants politiques et de bulletins manquants, bien que ces derniers n’aient pas eu d’impact sur le résultat final.
Dans la soirée du 9 décembre, John Mahama s’est adressé à ses partisans depuis sa résidence, vêtu de blanc. Il a évoqué sa conversation avec le président sortant, Nana Akufo-Addo, qui lui a proposé de former une équipe pour faciliter la transition. « Nous avons convenu de constituer une équipe conjointe dès mercredi. Je suis prêt à collaborer pour garantir une transition harmonieuse », a-t-il déclaré. Mahama a également souligné sa volonté de relancer l’économie ghanéenne et d’unir la société : « Nous aspirons à un Ghana qui profite à tous, qu’il s’agisse d’enseignants, de gardiens, d’infirmiers ou de chauffeurs de taxi. Chacun d’entre nous est essentiel au bon fonctionnement de notre nation. »
Il a également appelé ses partisans à faire preuve de retenue et à éviter tout acte de violence, alors que la police avait déjà arrêté une quarantaine de personnes pour avoir endommagé des bâtiments publics.
Un retour marqué par des ambitions renouvelées
La proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 7 décembre consacre officiellement John Dramani Mahama comme président élu du Ghana, marquant ainsi son retour après huit années dans l’opposition. Battu par Nana Akufo-Addo en 2016, Mahamarevient avec des ambitions renouvelées. Fils d’un producteur de riz du nord du Ghana, il a gravi les échelons politiques sans appartenir à l’élite dirigeante. Vice-président depuis 2009, il a pris les rênes du pays en 2012, suite au décès de John Atta Mills, mais a peiné à se démarquer de son prédécesseur.
Son premier mandat a été entaché par des coupures d’électricité chroniques, surnommées « Dumsor », et des critiques concernant des accords précipités avec des entreprises étrangères. Souvent décrit comme « mal conseillé » par un entourage soupçonné de corruption, Mahamarevient aujourd’hui plus aguerri. « Ce n’est plus un novice en politique », souligne l’analyste Kobi Annan.
Pour son retour, il promet d’industrialiser le Ghana, d’instaurer un système de travail 24 heures sur 24, une idée controversée, et d’investir 10 milliards de dollars dans les infrastructures. Apprécié pour son calme et son charisme, Mahama incarne l’espoir d’une gouvernance plus stable après des années de crise économique. De retour à la présidence, il dispose d’un mandat pour prouver qu’il est véritablement le « bâtisseur de la nation », comme il aime à se définir.
La relance de l’économie : un défi majeur
John Mahama s’engage à opérer un « reset » de l’économie ghanéenne, alors que le pays est le premier producteur africain d’or et le deuxième producteur mondial de cacao, mais fait face à des défis économiques majeurs. Il propose de déréguler le marché du travail et d’instaurer un système de travail en trois équipes pour multiplier par neuf les opportunités d’emploi, tant dans le secteur public que privé.
Déjà à la tête du pays de 2012 à 2017, Mahama s’engage à investir dans les infrastructures tout en supprimant certaines taxes et en instaurant un plafond d’endettement. Ces objectifs, bien que louables, semblent contradictoires dans le contexte budgétaire actuel, alors que l’équipe sortante peine à boucler le budget nécessaire à partir de mars.
L’inflation, qui avait atteint 54 % en décembre 2022, a conduit le Ghana à demander l’aide du FMI. Bien que la situation se soit légèrement améliorée, les prix continuent d’augmenter en moyenne de 23 % depuis le début de l’année, plongeant de nombreux Ghanéens dans la pauvreté, avec une monnaie, le Cedi, ayant perdu 70 % de sa valeur. John Mahama devra donc naviguer habilement dans ce contexte économique difficile pour réaliser ses promesses et redonner espoir à la population ghanéenne.
Thom Biakpa