Le Sénégal a été plongé dans une série de troubles sans précédent du 1er au 3 juin, suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs. En conséquence, cette personnalité populaire auprès de la jeunesse et des milieux défavorisés est désormais inéligible pour l’élection présidentielle de février 2024. Cette décision a déclenché des rassemblements et des violences à travers le pays.
Les manifestations ont éclaté dans plusieurs villes dès l’annonce de la condamnation de Sonko.
Son parti, le PASTEF, a appelé la population à résister et à exiger la démission du président Macky Sall. Les manifestations à Dakar, notamment dans les quartiers d’Ouakam et de Ngor, ont rapidement dégénéré en violences, dépassant les capacités de la police locale et entraînant des pillages.
La situation était extrêmement tendue, avec des écoles et des universités vandalisées et des affrontements qui se sont poursuivis dans plusieurs quartiers de la capitale, Dakar.
Des incidents similaires ont également été signalés dans la ville de Casamance, en particulier à Cap Skirring, une station balnéaire prisée par les touristes.
Deux banques ont été incendiées et les vols à l’aéroport de la ville ont été interrompus.
Le bilan humain de ces troubles est lourd. Amnesty International a annoncé avoir décompté 23 morts, un chiffre supérieur au bilan officiel des autorités qui fait état de 16 morts.
L’organisation de défense des droits de l’homme a exigé une enquête indépendante pour faire la lumière sur ces événements tragiques.
Selon Amnesty, certaines victimes ont été tuées par balles, dont trois étaient des mineurs.
Des entretiens, des vidéos authentifiées ainsi que des certificats de décès et des rapports d’autopsie ont été utilisés pour établir ce bilan et dénoncer l’usage excessif de la force, ainsi que les atteintes à la liberté d’expression et d’information.
Amnesty International a également souligné la présence, dans les vidéos analysées, d’hommes armés en civil aux côtés des forces de l’ordre, qui ont violemment réprimé les manifestants.
L’organisation a appelé l’État à ne pas permettre la présence de ces individus non identifiés dans les opérations de maintien de l’ordre, qualifiant cette pratique d’évidente violation du droit international.
Le gouvernement sénégalais n’a pas réagi aux dénonciations d’Amnesty International et d’autres organisations.
Préalablement, il avait justifié le recours à la force en invoquant la nécessité de rétablir l’ordre face à ce qu’il considère comme une tentative de déstabilisation de l’État, y compris par des hommes armés.
En somme, la situation au Sénégal demeure donc tendue, avec des préoccupations persistantes concernant les droits de l’homme, la liberté d’expression et la stabilité politique.
Il est essentiel que des mesures soient prises pour apaiser les tensions, favoriser le dialogue et garantir le respect des droits fondamentaux de tous les citoyens sénégalais.
Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a par ailleurs lancé un appel à la tranquillité et à la modération à la suite des troubles qui agitent le pays.