La ville d’Uvira, située à l’extrême est de la République démocratique du Congo, pourrait connaître un nouveau tournant sécuritaire. Le mouvement armé AFC/M23 a annoncé, mardi 16 décembre, son intention de retirer ses combattants de cette localité stratégique, affirmant répondre à une requête de la médiation américaine. Une annonce qui intervient dans un climat régional toujours instable, malgré les engagements diplomatiques récemment pris à Washington.
Dans un communiqué signé par Corneille Nangaa, figure politique du mouvement, le M23 parle d’un retrait « unilatéral » de ses forces. Le texte précise que cette décision fait suite à une demande formulée par les États-Unis, impliqués dans les efforts de désescalade entre Kinshasa et Kigali. Aucun détail n’a toutefois été communiqué concernant la date effective du retrait ni les mécanismes de sa mise en œuvre sur le terrain.
Cette annonce survient quelques jours seulement après la prise de contrôle d’Uvira par les combattants du M23, à l’issue d’une offensive lancée au début du mois de décembre. Cette avancée avait suscité de vives inquiétudes, d’autant plus qu’elle est intervenue peu après la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide de Washington. Un accord censé ouvrir la voie à une réduction des tensions militaires dans la région des Grands Lacs.
Uvira occupe une position stratégique majeure. Située sur les rives du lac Tanganyika et à proximité immédiate de la frontière burundaise, la ville constitue un carrefour sécuritaire et commercial important. Sa chute, puis l’annonce de son évacuation par le M23, illustrent la volatilité persistante de la situation dans l’est congolais.
Accusé de longue date par les autorités congolaises et par les Nations unies de bénéficier du soutien de l’armée rwandaise, le M23 reste au centre des crispations diplomatiques régionales. Son retrait annoncé soulève désormais une question essentielle : s’agit-il d’un geste ponctuel destiné à apaiser les pressions internationales, ou d’un premier pas vers une désescalade plus durable ?
À Kinshasa, aucune réaction officielle n’avait encore été enregistrée mardi soir. Sur le terrain, les populations locales restent prudentes, habituées à des annonces qui, par le passé, n’ont pas toujours été suivies d’effets concrets. L’évolution des prochains jours permettra de mesurer si ce retrait annoncé marque un réel changement ou une simple pause dans un conflit aux racines profondes.
Thom Biakpa




