Après une semaine de contrôle rebelle, la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu, connaît un changement de dynamique militaire. Le mouvement AFC/M23 affirme avoir commencé, mercredi 17 décembre en début de soirée, le retrait de ses combattants de cette localité stratégique de l’est de la République démocratique du Congo, conquise à l’issue d’affrontements intenses contre l’armée congolaise et ses alliés.
Selon plusieurs témoignages concordants, des colonnes de combattants ont quitté différents quartiers de la ville, notamment la commune de Kalundu, où les rebelles avaient installé leur état-major. Les hommes, parfois à pied, parfois transportés par des véhicules, ont été vus progressant vers le nord, sacs sur le dos et armes en bandoulière. Des mouvements similaires ont également été signalés du côté de Kavimvira, à la sortie d’Uvira.
La société civile locale confirme ces observations. Un de ses membres, contacté, affirme avoir vu des éléments du M23 se diriger vers Bukavu, sans qu’il soit possible de déterminer précisément leur destination finale ni l’ampleur exacte du repli.
Du côté de l’AFC/M23, le coordonnateur adjoint Bertrand Bisimwa indique que l’opération de retrait devrait se terminer ce jeudi 18 décembre. Toutefois, l’annonce se limite strictement à la ville d’Uvira et ne concerne pas les autres zones passées sous contrôle rebelle depuis le 10 décembre dernier.
À Kinshasa, la réaction reste empreinte de prudence. Le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, met en doute la réalité et la sincérité de ce retrait. Dans un message publié sur le réseau social X, il s’interroge sur les modalités concrètes de l’opération : nombre de combattants concernés, destination réelle des troupes et situation sécuritaire laissée derrière elles. Il évoque également le risque de combattants se fondant parmi la population civile.
Le gouvernement congolais réaffirme par ailleurs son exigence d’un retrait total des forces rwandaises de l’ensemble des zones occupées sur le territoire national, appelant les populations locales et les forces de sécurité à maintenir un haut niveau de vigilance.
Pour rappel, dans un communiqué diffusé dans la nuit de lundi à mardi, l’AFC/M23 avait conditionné son retrait à plusieurs exigences, notamment la mise en place d’une force neutre et l’engagement que ni les Forces armées de la RDC ni les groupes Wazalendo, alliés de l’armée, ne reprennent position dans la ville.
Sur le terrain comme au niveau politique, ce retrait annoncé reste donc entouré d’incertitudes, dans un contexte régional toujours marqué par de fortes tensions et une profonde méfiance entre les parties.
Thom Biakpa




