Le Président Donald Trump signant des décrets après sa prise de fonction/ photo: AFP
Dans un décret signé le 20 janvier, le président Donald Trump, récemment revenu à la Maison-Blanche, a annoncé la suspension de l’aide au développement étrangère des États-Unis pour une période de 90 jours. Cette décision vise à évaluer l’efficacité des programmes d’aide et leur alignement avec la politique étrangère américaine.
Le président justifie cette mesure en affirmant que « l’aide étrangère des États-Unis n’est pas en phase avec les intérêts américains et, dans de nombreux cas, contredit nos valeurs fondamentales ». Il ajoute que cette aide contribue à « déstabiliser la paix mondiale en promouvant des idées qui s’opposent aux relations harmonieuses et stables tant au sein des pays qu’entre eux ». En conséquence, il a ordonné qu’aucune aide étrangère supplémentaire ne soit versée d’une manière qui ne soit pas entièrement conforme à la politique étrangère de son administration.
Suspension des programmes d’aide
Le décret stipule que tous les chefs de départements et d’agences responsables des programmes d’aide au développement doivent immédiatement suspendre les nouvelles obligations et les décaissements de fonds destinés aux pays étrangers, aux organisations non gouvernementales, aux organisations internationales et aux entrepreneurs. Cette suspension sera en vigueur jusqu’à ce qu’un examen approfondi des programmes soit réalisé dans les 90 jours suivant l’ordonnance.
Cependant, le texte précise que des « nouvelles obligations et déboursements » pourraient être rétablis au cas par cas avant la fin de cette période, si un examen est effectué et si le Secrétaire d’État, en consultation avec le Directeur du Bureau de la gestion et du budget (OMB), décide de poursuivre le programme, soit dans sa forme actuelle, soit sous une forme modifiée.
Un budget d’aide étrangère de 68 milliards de dollars en 2023
Aucun programme spécifique, pays ou organisation n’a été mentionné dans le décret, ce qui laisse planer un flou sur l’ampleur de cette décision. De plus, Trump n’a pas précisé quels types de financements (aide humanitaire, santé, environnement, etc.) seront affectés par cette suspension, étant donné que le Congrès américain est responsable de l’établissement du budget fédéral.
Selon les dernières données de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l’aide étrangère américaine s’élevait à 68 milliards de dollars en 2023, répartie sur 204 pays. Ce soutien financier était destiné à divers programmes, notamment 20 milliards de dollars pour le développement économique, 14,4 milliards pour l’assistance humanitaire, 9,8 milliards pour des initiatives de santé et 2,6 milliards pour des projets pro-démocratiques. Parmi les pays ayant le plus bénéficié de cette aide figurent l’Ukraine (17 milliards), Israël (3,3 milliards), la Jordanie (1,7 milliard), l’Égypte (1,5 milliard) et l’Afghanistan.
Une continuité dans la politique étrangère
Cette décision s’inscrit dans la continuité du discours de Donald Trump depuis son premier mandat. Dès son arrivée au Bureau ovale en 2017, il avait proposé de réduire d’un tiers les budgets de la diplomatie et de l’aide américaine, en ciblant particulièrement les missions de maintien de la paix de l’ONU, une proposition qui avait été rejetée par le Congrès.
« Les États-Unis sont de loin le plus grand donateur d’aide étrangère au monde. Mais rares sont ceux qui nous rendent la pareille. C’est pourquoi nous examinons de près l’aide étrangère américaine », avait-il déclaré lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2018. Il avait également affirmé que, dorénavant, l’aide étrangère ne serait accordée qu’à ceux qui respectent les États-Unis et qui sont, en toute franchise, leurs amis.
Le 15 janvier, lors de son audition devant le Sénat, le secrétaire d’État Marc Rubio a détaillé la conduite de la politique étrangère des États-Unis sous l’administration Trump. « Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous finançons et chaque politique que nous poursuivons doit être justifié par trois questions simples : cela rend-il l’Amérique plus sûre, plus forte et plus prospère ? »
Cette suspension de l’aide étrangère marque une nouvelle étape dans la réévaluation des priorités de la politique extérieure américaine, avec des implications potentielles sur les relations internationales et l’engagement des États-Unis sur la scène mondiale.
Thom Biakpa
About Author
