L’Éthiopie a inauguré ce mardi 9 septembre son Grand barrage de la Renaissance (GERD) qui doit doubler sa capacité de production électrique et générer jusqu’à 1 milliard de dollars de recettes annuelles / Wikipédia
Le 9 septembre, l’Éthiopie a célébré l’inauguration de son grand barrage de la Renaissance, un projet ambitieux qui a nécessité plus de quatorze ans de travaux. La première pierre avait été posée en 2011, marquant le début d’une aventure technique et politique sans précédent dans le pays. Situé dans le nord-est de l’Éthiopie, ce barrage a pour objectif principal de produire de l’électricité pour un pays où près de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité. Cependant, il vise également à positionner l’Éthiopie comme un acteur clé dans la distribution d’électricité à l’échelle régionale.
Avec ses 1,8 kilomètre de long et 145 mètres de haut, le barrage de la Renaissance est le plus puissant d’Afrique, doté de 16 turbines capables de générer 5 000 mégawatts, soit l’équivalent de plus de trois réacteurs nucléaires. Son achèvement, annoncé par le Premier ministre Abiy Ahmed en juillet, marque la fin d’un chantier qui devait initialement se conclure en 2017, mais qui a connu des retards significatifs dus à des problèmes de mise en œuvre, de financement et à des tensions géopolitiques. Le projet rapportera un milliard de dollars par an à l’Éthiopie.
Le barrage, construit sur le Nil Bleu, a suscité des inquiétudes en Égypte, qui dépend presque entièrement du fleuve pour ses besoins en eau. Le Caire considère le barrage comme une menace existentielle, craignant qu’il n’entraîne une réduction de ses ressources en eau, déjà fragiles. Cette inquiétude a conduit à des tensions croissantes entre les deux pays, exacerbées par les droits historiques que l’Égypte revendique sur le Nil, hérités de l’époque coloniale.
Pour les autorités éthiopiennes, le barrage représente un accomplissement national. Abiy Ahmed a déclaré que le projet pourrait générer jusqu’à un milliard de dollars de revenus annuels, bien que cette estimation soit jugée optimiste par de nombreux experts. Le barrage devrait non seulement répondre aux besoins d’électricité locaux, mais également permettre à l’Éthiopie d’exporter de l’électricité vers des pays voisins, générant ainsi des devises pour le pays.
Cependant, l’inauguration du barrage s’accompagne de tensions géopolitiques persistantes. L’Égypte et le Soudan, qui se trouvent en aval, n’ont pas envoyé de représentants à la cérémonie d’inauguration, illustrant les divisions qui persistent dans la région. Alors que le Soudan exprime des préoccupations concernant d’éventuelles inondations et les impacts sur ses propres barrages, il espère également bénéficier d’une énergie moins coûteuse.
Face à ces défis, l’Éthiopie a su établir des alliances avec d’autres pays en amont du Nil, comme l’Ouganda et la Tanzanie, qui voient dans la remise en cause des accords coloniaux une opportunité de développement.
Le barrage de la Renaissance est donc bien plus qu’un simple projet d’infrastructure : il incarne les ambitions économiques de l’Éthiopie tout en étant au cœur de tensions régionales complexes. La manière dont ces enjeux seront gérés dans les années à venir déterminera non seulement l’avenir énergétique de l’Éthiopie, mais aussi la dynamique des relations entre les pays du bassin du Nil.
Thom Biakpa
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