En visite officielle à Libreville dimanche 23 novembre, Emmanuel Macron a multiplié les signes d’alignement avec les nouvelles autorités gabonaises. Le président français a salué le « renouveau » né du coup d’État du 30 août 2023, désormais consolidé par l’élection du général Brice Oligui Nguema, et a assuré que la France accompagnerait la transformation politique et économique du pays dans un cadre « à sa juste place ».
Un rapprochement assumé après la rupture avec le Sahel
Reçu avec tous les honneurs, 21 coups de canon, haie militaire et foule dense sur le parcours officiel, Emmanuel Macron a voulu envoyer un message clair : malgré les tensions diplomatiques et les retraits forcés au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le Gabon demeure un partenaire important en Afrique centrale.
En saluant un « tournant historique » mettant fin à 55 ans de régime Bongo, il a évoqué l’ouverture d’une « nouvelle ère » marquée par davantage de pluralisme et un rééquilibrage des relations bilatérales. Paris dit vouloir privilégier désormais des « partenariats gagnant-gagnant », loin des logiques héritées de la Françafrique.
Le Gabon mise sur la diversification et hausse le ton envers les entreprises françaises
Face à lui, le général Brice Oligui Nguema élu en avril après 19 mois de transition a réaffirmé sa volonté de transformer en profondeur l’économie gabonaise. Il a insisté sur l’urgence d’une montée en gamme : plus question pour le pays de rester un simple exportateur de matières premières, en particulier du manganèse, domaine où il figure parmi les leaders mondiaux.
Dans ce cadre, le président gabonais n’a pas hésité à interpeller directement Paris et les groupes français, en visant notamment Eramet, accusé de ne pas s’engager assez vite dans la transformation locale des minerais.
Coopération judiciaire, environnementale et sécuritaire : un partenariat redéfini
Le chef de l’État gabonais a également sollicité une coopération judiciaire renforcée afin de récupérer les « avoirs détournés » durant les décennies du régime Bongo, une initiative qui s’inscrit dans la volonté affichée de rompre avec l’opacité du passé.
Sur le plan sécuritaire, le dispositif militaire français au Gabon, autrefois important, a été largement réduit. Il ne compte plus qu’une centaine de soldats, désormais dédiés à la formation et à la protection environnementale. Une nouvelle Académie au Camp de Gaulle visera à professionnaliser la lutte contre le braconnage, l’orpaillage illégal et l’exploitation illicite des ressources.
Un enjeu économique déterminant : le Transgabonais en rénovation
Les entreprises françaises, déjà omniprésentes dans les secteurs stratégique du pays, cherchent à consolider leur présence dans cette phase de restructuration. L’Agence française de développement (AFD) a ainsi confirmé un financement majeur : un prêt de 173 millions d’euros et une subvention de 30 millions destinés à la modernisation du Transgabonais. Ce chantier, essentiel pour le transport du manganèse vers la côte, prévoit la rénovation de 270 kilomètres de voie ferrée d’ici 2027, un projet complexe qui devrait renforcer l’intégration économique du territoire.
Thom Biakpa




