Des Gambiens manifestant à Banjul contre la corruption et la mauvaise gouvernance/ AFP
Le 23 juillet 2025, plus d’un millier de Gambiens ont manifesté à Banjul pour exprimer leur colère face à la corruption et à la mauvaise gouvernance, marquant une mobilisation sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir du président Adama Barrow en 2016. Cette manifestation a été déclenchée par un scandale lié à la vente des biens confisqués à l’ex-dictateur Yahya Jammeh, mais les revendications des manifestants vont bien au-delà de cet incident.
Les participants, vêtus d’écharpes aux couleurs rouge, blanc, bleu et vert, ont brandi le slogan « Never Again – Plus jamais ça », rappelant les luttes passées pour la démocratie. Parmi eux se trouvaient des jeunes, des militants de la société civile et des membres de partis politiques, qui se sont rassemblés au Youth Monument, un lieu symbolique de la capitale. Ce monument est le même où, en 2016, le militant Solo Sandeng avait conduit une manifestation pacifique pour réclamer des réformes électorales, avant de perdre la vie dans des circonstances tragiques.
Cette fois-ci, le fléau dénoncé n’est plus seulement le système électoral, mais la corruption, qui, selon Madi Jobarteh, une figure éminente de la société civile, représente une menace directe pour la démocratie gambienne. « La Gambie a traversé une dictature pendant laquelle des milliers de personnes ont subi des violations des droits humains et nos ressources publiques ont été pillées pendant des décennies. En 2016, nous avons voté pour le changement, pour la démocratie, la transparence et la redevabilité. Le slogan était : ‘la Gambie a décidé’. Presque dix ans plus tard, voir la corruption non seulement revenir, mais être encouragée, c’est une menace directe pour nos droits, pour notre démocratie, et pour tout ce que nous avions revendiqué en 2016 », a-t-il déclaré.
Madi Jobarteh, qui est également le directeur exécutif de l’association Edward Francis Small Center for Rights and Justice, a souligné que la confiance des Gambiens envers leurs dirigeants est désormais gravement érodée. Alors que le pays fait face à des défis croissants, notamment la dégradation des services publics et du secteur de la santé, les manifestants appellent à un changement urgent et à une véritable responsabilité de la part de leurs dirigeants.
Cette mobilisation témoigne d’un désir croissant de justice et de transparence en Gambie, alors que les citoyens exigent des actions concrètes pour lutter contre la corruption et restaurer la confiance dans les institutions publiques.
Thom Biakpa