Après plusieurs années d’arrêt, le Ghana remet en marche un maillon stratégique de son appareil énergétique : la raffinerie publique de Tema. Mise en service dans les années 1960 et entièrement contrôlée par l’État depuis la fin des années 1970, cette infrastructure n’avait plus produit de carburant depuis 2021, freinée par des difficultés financières persistantes. Sa relance constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour un pays encore fortement dépendant des importations de produits pétroliers raffinés.
Dans un contexte où le carburant représente plus de 25 % des importations nationales, le redémarrage de Tema apparaît comme une réponse directe à la vulnérabilité énergétique du Ghana. La raffinerie fonctionne actuellement à un niveau de 28 000 barils par jour, avec l’ambition affichée de retrouver rapidement sa capacité maximale de 45 000 barils quotidiens, atteinte avant son arrêt.
Si cet objectif est atteint, l’impact pourrait être significatif. Par le passé, Tema couvrait jusqu’à 60 % des besoins nationaux en carburant.
Aujourd’hui, en raison de la croissance de la demande, cette contribution serait plutôt de l’ordre de 40 %, selon les estimations de Kodzo Yaotse, spécialiste du secteur pétrolier à l’Africa Centre for Energy Policy. Un apport conséquent, mais insuffisant à lui seul pour garantir une autosuffisance énergétique complète.
Reste une question centrale : la raffinerie peut-elle fonctionner durablement ? Les causes de sa fermeture en 2021 sont bien identifiées. Endettement chronique, dépendance aux fluctuations du prix du brut, pénurie de devises étrangères et faiblesses structurelles dans la gestion de l’entreprise ont progressivement miné sa viabilité. Pour les experts, la relance ne sera crédible que si ces problèmes sont traités en profondeur.
Sans réforme de la gouvernance et sans discipline financière stricte, la raffinerie risque de replonger dans les mêmes difficultés. La relance de Tema n’est donc pas seulement une remise en marche industrielle : elle constitue un véritable test pour la capacité du Ghana à transformer ses ambitions énergétiques en résultats durables.
Thom Biakpa




