Longtemps tolérées sans cadre légal précis, les cryptomonnaies s’apprêtent à entrer officiellement dans le paysage financier ghanéen. Le Parlement a adopté, le 22 décembre, un projet de loi baptisé Virtual Asset Service Providers Bill (VASP), marquant une étape décisive vers la légalisation et la régulation de ces actifs numériques. Le texte attend désormais la signature du président pour entrer en vigueur.
Un usage massif, jusque-là hors du radar officiel
Au Ghana, l’essor des cryptomonnaies est déjà une réalité économique. D’après les estimations du cabinet Web3 Africa Group, basé à Accra, près de 3 milliards de dollars de transactions ont été réalisés en cryptomonnaies au cours du premier semestre 2024. Jusqu’à présent, ces flux financiers échappaient largement au contrôle des autorités, car opérant en dehors du système bancaire traditionnel.
Cette situation inquiétait les pouvoirs publics, notamment en raison des risques de fuite de capitaux, susceptibles de fragiliser le cedi, la monnaie nationale, dans un contexte économique déjà marqué par des tensions monétaires.
Faire entrer les cryptos dans l’économie formelle
Avec la loi VASP, le gouvernement cherche avant tout à intégrer ces transactions à l’économie formelle. L’idée n’est pas de freiner l’innovation, mais de mieux la superviser. En encadrant les acteurs du secteur, les autorités espèrent à la fois sécuriser les échanges et renforcer la stabilité financière du pays.
Toute personne ou entreprise souhaitant proposer des services liés aux cryptomonnaies devra désormais obtenir une licence officielle, délivrée soit par la Banque centrale du Ghana, soit par la Commission des valeurs mobilières (SEC).
Un outil contre les activités illicites
Autre objectif central du texte : lutter contre l’utilisation des cryptomonnaies à des fins criminelles. Les autorités disposeront d’un droit de regard accru sur les transactions, ce qui devrait limiter les pratiques de blanchiment d’argent ou de financement d’activités illégales, régulièrement pointées du doigt par les économistes.
La loi encadre également la promotion des cryptomonnaies. Désormais, la publicité dans ce domaine sera strictement réservée à des acteurs autorisés, notamment certains influenceurs préalablement agréés.
Un tournant réglementaire en Afrique de l’Ouest
En adoptant ce projet de loi, le Ghana rejoint la liste des pays africains cherchant à concilier innovation numérique et contrôle financier. Le défi sera désormais de mettre en œuvre une régulation efficace, capable de protéger l’économie sans étouffer un secteur en pleine expansion.
Thom Biakpa




