Au cœur d’un conflit qui ravage le Soudan depuis plus de deux ans, le chef de l’armée et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah Al-Burhane, cherche à relancer le dialogue avec les États-Unis. Dans un communiqué diffusé par le ministère soudanais des Affaires étrangères, proche de l’armée, Khartoum affirme sa volonté de coopérer avec l’administration américaine et le président Donald Trump, alors même que les discussions sur un cessez-le-feu sont au point mort.
Selon ce communiqué, le général Al-Burhane se dit prêt à travailler avec Donald Trump, le secrétaire d’État Marco Rubio ainsi qu’avec l’envoyé spécial américain pour la paix au Soudan, Massad Boulos. Cette déclaration intervient dans un contexte diplomatique délicat, quelques jours après que le chef de l’armée a rejeté la dernière proposition de trêve transmise par l’émissaire américain, la jugeant « inacceptable ».
Des négociations suspendues, une guerre qui continue
Les efforts de médiation menés par Washington sont actuellement à l’arrêt. Si les Forces de soutien rapide (FSR), adversaires de l’armée régulière, ont indiqué leur accord de principe avec la proposition américaine, les combats se poursuivent sur le terrain. La région du Kordofan reste notamment le théâtre d’affrontements violents, illustrant l’écart grandissant entre les discussions diplomatiques et la réalité militaire.
Aucune date n’a pour l’instant été annoncée pour une éventuelle reprise des négociations. Les médiateurs internationaux, qu’il s’agisse du groupe du Quad ou des Nations unies, peinent à réunir les deux camps autour d’une même table, malgré des initiatives parallèles visant à relancer le dialogue.
Une crise humanitaire sans précédent
Depuis le déclenchement de la guerre en 2023, le Soudan s’enfonce dans une catastrophe humaine de grande ampleur. Le conflit a déjà causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes et contraint des millions d’habitants à fuir leurs foyers. Les Nations unies qualifient aujourd’hui la situation de « pire crise humanitaire au monde », alors que l’accès à l’aide reste limité dans de vastes zones du pays.
Dans ce contexte, l’ouverture affichée par Abdel Fattah Al-Burhane envers Washington apparaît comme une tentative de repositionnement diplomatique. Reste à savoir si cette main tendue suffira à débloquer des négociations jusque-là paralysées, ou si elle s’inscrit avant tout dans un rapport de force politique alors que la guerre continue de ravager le pays.
Thom Biakpa




