À quelques jours de l’élection présidentielle en Guinée, un rapport publié par un collectif international d’organisations de la société civile jette une lumière crue sur la situation des droits humains dans le pays.
Selon ce document, au
moins 70 civils auraient perdu la vie entre 2022 et 2025 lors d’interventions des forces de défense et de sécurité, principalement au cours de manifestations interdites par les autorités.
Le rapport émane du collectif Tournons la page (TLP), un mouvement citoyen international regroupant près de 250 organisations engagées pour la démocratie et l’État de droit en Afrique. Intitulé « Chasse à l’Homme en Guinée : évolution des libertés publiques sous le CNRD », le document met directement en cause la junte au pouvoir depuis le coup d’État de 2021, dirigée par le général Mamadi Doumbouya.
Selon TLP, ces décès sont survenus dans un contexte de restriction généralisée des libertés publiques, marqué par l’interdiction des manifestations depuis 2022. Le collectif affirme qu’aucune enquête indépendante, transparente ou crédible n’a été menée pour établir les responsabilités dans ces violences mortelles.
Au-delà des pertes humaines, le rapport dénonce une détérioration profonde de l’espace civique en Guinée. Arrestations arbitraires, détentions illégales, disparitions forcées et actes de torture figurent parmi les violations recensées par les auteurs, qui s’appuient sur des témoignages anonymisés, des sources jugées fiables et une vérification croisée des informations.
La publication intervient dans un climat politique tendu, alors que le général Doumbouya se présente à une élection présidentielle censée marquer le retour à l’ordre constitutionnel, mais à laquelle aucun opposant majeur ne participe. Pour le collectif, les autorités de transition portent une lourde responsabilité dans la multiplication des atteintes aux droits fondamentaux depuis leur arrivée au pouvoir.
Le rapport rappelle également la disparition inquiétante de deux figures de la société civile, Oumar Sylla, connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah. Tous deux, engagés en faveur d’un retour des civils au pouvoir, auraient été enlevés à leur domicile en juillet 2024 et restent introuvables à ce jour.
Dans ce contexte, Tournons la page appelle à une prise de conscience nationale et internationale sur la situation en Guinée, estimant que le respect des droits humains constitue une condition essentielle à toute transition politique crédible.
Thom Biakpa




