La junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée-Bissau à la fin du mois de novembre a annoncé la création d’un Conseil national de transition (CNT), chargé de piloter le pays pendant une période d’un an et de superviser l’ensemble des institutions politiques. Cette décision, officialisée dans une résolution publiée jeudi 4 décembre, s’inscrit dans la volonté des militaires d’encadrer la phase post-coup d’État qu’ils justifient par un climat électoral « instable » et un « risque de guerre civile à caractère ethnique ».
Le 26 novembre, à la veille de l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle et des législatives, des membres de l’armée ont renversé le président sortant Umaro Sissoco Embalo, au pouvoir depuis 2020. Le processus électoral a immédiatement été suspendu. Selon la commission électorale, il était devenu impossible de publier les résultats du scrutin du 23 novembre en raison de la destruction de procès-verbaux et de matériel électoral, attaqués par des hommes armés et masqués lors du putsch.
Dans la foulée, la junte a nommé le général Horta N’Tam, réputé proche de M. Embalo, à la tête d’une transition annoncée pour durer douze mois. Un nouveau Premier ministre a également été désigné.
La résolution détaille l’établissement du CNT, présenté comme un organe politique de concertation et de coordination. Le conseil sera chargé d’élaborer les outils juridiques et administratifs nécessaires à la transition et de contrôler l’action des autorités transitoires.
Toutefois, aucun élément n’a été divulgué quant à la composition de ce conseil, ni aux modalités de sélection de ses membres.
Dans le document publié, la junte affirme que la Guinée-Bissau se trouvait dans une situation politique « grave », marquée par des contestations et des tensions susceptibles, selon elle, de « dégénérer en une guerre civile à caractère ethnique ». Les forces armées, assurent-elles, auraient été « obligées d’intervenir » pour restaurer l’ordre, au prix d’un nouveau changement de l’ordre constitutionnel par la force.
De son côté, l’opposant Fernando Dias, principal adversaire de M. Embalo lors de la présidentielle, a revendiqué dès le 27 novembre sa victoire au scrutin. Il accuse en outre l’ancien président d’avoir « organisé » le coup d’État afin d’empêcher l’annonce des résultats.
Coincée entre le Sénégal et la Guinée, la Guinée-Bissau reste l’un des États les plus instables d’Afrique de l’Ouest. Depuis son indépendance en 1974, le pays a déjà connu quatre coups d’État réussis et de nombreuses tentatives de putsch. La crise actuelle s’inscrit ainsi dans une longue tradition de turbulences politiques et institutionnelles.
Thom Biakpa




