En Guinée-Bissau, la bataille pour la présidence s’est déplacée des urnes vers les déclarations publiques. Avant même la publication des résultats provisoires, attendus jeudi 27 novembre, les deux principaux candidats affirment chacun avoir remporté le premier tour du scrutin.
Dimanche 23 novembre, les Bissau-Guinéens ont élu à la fois leur président et leurs députés lors d’un vote qualifié de globalement serein par les observateurs. Mais la tranquillité du scrutin contraste avec l’âpreté du duel politique qui s’est engagé dès la fermeture des bureaux.
Deux camps, une même certitude : la victoire
Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, donné favori, se dit certain de rempiler. « Il n’y aura pas de second tour », a assuré son porte-parole, Oscar Barbosa, affirmant que le chef de l’État dispose d’une avance suffisamment large pour s’imposer dès le premier tour.
Son principal adversaire, Fernando Dias da Costa, livre pourtant la même lecture des tendances. Dans une vidéo partagée massivement sur les réseaux sociaux, le candidat soutenu par le PAIGC et par Domingoes Simões Pereira, figure majeure de l’opposition revendique lui aussi une victoire dès le premier tour. Tous deux avaient été exclus du scrutin pour dépôt tardif de candidature, une décision entérinée par la Cour suprême.
La CEDEAO appelle à la retenue
Face à cette montée de tensions verbales, la CEDEAO tente d’éteindre les braises. La mission d’observation, par la voix d’Issufu Baba Braimah Camara, a salué « un vote pacifique du début à la fin » tout en rappelant que le pays entrait désormais dans « une phase sensible ». Elle a exhorté les candidats à s’abstenir de diffuser des résultats non officiels susceptibles d’alimenter la contestation.
Un pays en équilibre instable
La prudence des observateurs n’est pas anodine dans un pays régulièrement secoué par l’instabilité. Depuis son indépendance, la Guinée-Bissau a vécu quatre coups d’État, plusieurs tentatives avortées et de nombreuses crises post-électorales. L’élection de 2019 avait déjà donné lieu à un bras de fer prolongé entre Umaro Sissoco Embaló et Domingoes Simões Pereira, chacun revendiquant la victoire.
Avec quelque 860 000 électeurs dans l’attente fébrile des résultats, une nouvelle période d’incertitude semble se dessiner. Entre proclamations anticipées, rivalités politiques tenaces et institutions fragiles, la Guinée-Bissau retient une nouvelle fois son souffle.
Thom Biakpa
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