La présidentielle organisée dimanche en Guinée semble s’orienter vers une victoire nette du général Mamadi Doumbouya.
Les premiers résultats officiels partiels, rendus publics lundi soir, placent largement en tête le chef du régime militaire, avec des scores dépassant souvent les 80 % des suffrages exprimés dans de nombreuses zones du pays. Un résultat attendu, dans un scrutin marqué par l’absence des principales figures de l’opposition et par de vives accusations d’irrégularités.
À Conakry comme dans plusieurs régions de l’intérieur, les chiffres annoncés par l’administration électorale dessinent un rapport de force sans équivoque. Dans plusieurs communes de la capitale – Kaloum, Matam, Sonfonia ou encore Ratoma – le général Doumbouya domine très largement ses adversaires. La même tendance est observée dans des localités proches de Conakry, comme Coyah, ainsi que dans de nombreuses préfectures à l’ouest, au nord et au sud-est du pays, notamment Boffa, Fria, Gaoual, Labé, Koundara ou Nzérékoré.
Face à huit candidats peu connus du grand public, le dirigeant guinéen, âgé de 41 ans, semble en mesure de s’imposer dès le premier tour. Son statut de favori était largement reconnu avant le scrutin, dans un contexte politique verrouillé depuis le coup d’État de septembre 2021 qui avait mis fin au pouvoir d’Alpha Condé.
Les autorités électorales ont par ailleurs annoncé un taux de participation de 85 %, présenté comme un signe d’adhésion populaire au processus électoral. Près de 6,8 millions d’électeurs étaient inscrits, dont environ 125 000 à l’étranger. Mais cette donnée est fortement remise en cause par des acteurs de la société civile. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) affirme que la majorité des Guinéens aurait boudé les urnes, qualifiant l’élection de « mascarade » et dénonçant un processus non inclusif. Les principaux partis d’opposition, dont les leaders ont été exclus ou marginalisés, avaient d’ailleurs appelé au boycott.
Sur le terrain politique, plusieurs candidats malheureux ont dénoncé des dysfonctionnements. Abdoulaye Yéro Baldé a fait état de « graves irrégularités », évoquant notamment l’exclusion de ses représentants lors de la centralisation des résultats et des soupçons de fraudes. Faya Millimono a, de son côté, parlé de « brigandage électoral », accusant certaines autorités locales d’avoir exercé des pressions sur les électeurs.
Dans ce contexte tendu, les forces de sécurité sont restées en alerte. Les autorités affirment qu’aucun incident majeur n’a été enregistré le jour du vote. À Conakry, la présence visible de forces armées et de véhicules blindés s’est maintenue au lendemain du scrutin, même si la capitale a progressivement retrouvé son rythme habituel, avec la réouverture des marchés et des services publics.
Alors que la proclamation des résultats définitifs est encore attendue, cette élection, censée marquer une étape vers le retour à l’ordre constitutionnel, laisse déjà apparaître de profondes fractures politiques et une contestation persistante de la légitimité du processus électoral.
Thom Biakpa




