Le Général Mamadi Doumbouya, chef de l’État guinéen/ AP
Dans un contexte politique incertain, le président de la transition en Guinée, Mamadi Doumbouya, a annoncé que la présidentielle se tiendra le 28 décembre prochain. Cette décision intervient après l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution, marquant une étape significative dans le processus de transition dirigé par la junte du CNRD (Comité National de Rassemblement et de Développement).
Initialement, le général Doumbouya s’était engagé à rétablir l’ordre constitutionnel en commençant par des élections locales, suivies des élections législatives, avant d’envisager la présidentielle. Ce plan visait à éviter la personnalisation du pouvoir et à assurer un retour démocratique solide. Cependant, avec un retard de neuf mois sur le calendrier prévu, la junte a décidé d’accélérer le processus en fixant d’abord la date de la présidentielle.
Le référendum constitutionnel, qui s’est tenu le 21 septembre dernier, s’est déroulé sans incident majeur, un fait relativement rare dans le paysage politique guinéen. Néanmoins, les conditions sociopolitiques restent tendues, marquées par une répression continue des voix dissidentes.
Amnesty International a salué la rapidité avec laquelle la transition semble progresser, mais a également exprimé des inquiétudes concernant la situation des droits humains en Guinée. Fabien Offner, chercheur à l’organisation, a soulevé des questions cruciales : “Est-ce qu’après cette transition, nous allons assister à un retour des libertés collectives, comme le droit de manifester et la liberté d’expression, ou cette élection va-t-elle légitimer un régime qui continue de violer les droits humains ?”
Il est vrai que les conditions actuelles rendent difficile l’expression d’opinions contraires au pouvoir en place. Le général Doumbouya a affirmé à plusieurs reprises que les membres de la transition ne participeront pas aux élections, mais le soutien actif de son gouvernement à son maintien à la présidence soulève des interrogations sur la transparence et l’intégrité du processus électoral.
Alors que la Guinée se prépare pour cette élection cruciale, la question demeure : cette fois, sera-t-elle la bonne pour un véritable retour à la démocratie ? Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir politique du pays et pour les droits fondamentaux de ses citoyens.
Thom Biakpa