Quatre ans après son arrivée au pouvoir à la suite d’un coup d’État, le général Mamadi Doumbouya s’est assuré une victoire écrasante à l’élection présidentielle guinéenne. Selon les résultats provisoires publiés le 30 décembre par la Direction générale des élections, il obtient 86,72 % des suffrages dès le premier tour. Une victoire annoncée, dans un scrutin marqué par l’absence des principales figures de l’opposition.
À Conakry, l’annonce des résultats n’a pas provoqué d’effervescence particulière. Aucun mouvement populaire notable, ni scènes de liesse dans les rues de la capitale. Hormis quelques rassemblements de partisans du chef de l’État, la soirée s’est déroulée dans le calme, révélant une certaine indifférence de la population face à un scrutin dont l’issue semblait connue à l’avance.
Sur les huit candidats en lice, plusieurs ont rapidement reconnu leur défaite. Deux opposants, Abdoulaye Yéro Baldé (6,59 %) et Faya Millimouno (2,04 %), ont toutefois refusé de féliciter le vainqueur. Le taux de participation officiel s’élève à 80,95 %, un chiffre revu à la baisse par rapport aux premières annonces. Les résultats doivent encore être validés par la Cour suprême pour devenir définitifs.
Cette élection s’inscrit dans un contexte politique largement critiqué. Les principaux leaders de l’opposition, dont l’ancien président Alpha Condé et le chef de file de l’UFDG Cellou Dalein Diallo, vivent en exil ou sont empêchés de participer à la vie politique. Cellou Dalein Diallo a d’ailleurs qualifié le scrutin de « mascarade électorale », appelant ses partisans à le boycotter.
Les missions d’observation de l’Union africaine et de la Cédéao ont souligné la bonne organisation technique du vote, tout en notant l’absence des grands partis d’opposition. Ces organisations régionales, qui avaient suspendu la Guinée après le coup d’État de 2021, pourraient désormais lever leurs sanctions et réintégrer pleinement le pays.
Mais derrière cette normalisation institutionnelle, les critiques persistent.
L’Union africaine a exhorté les autorités à faire la lumière sur les enlèvements et disparitions signalés durant la transition, estimant que ces pratiques fragilisent la confiance des citoyens. Plusieurs acteurs politiques et militants critiques du régime ont en effet disparu ces derniers mois.
Le Bloc Libéral, dirigé par Faya Millimouno, affirme que sa campagne a été entravée par des arrestations et des intimidations. Selon son président, Oumar Sanoh, au moins treize responsables du parti auraient été inquiétés, dont un directeur de campagne adjoint toujours porté disparu. Le parti évoque également des fraudes et des irrégularités graves lors du scrutin.
Alors que Mamadi Doumbouya entame un mandat présidentiel issu des urnes, le paysage politique guinéen reste profondément déséquilibré. Entre exils forcés, contestations et accusations de violations des droits humains, la fin du processus électoral ne marque pas pour autant la fin des tensions.
Thom Biakpa




