Le général Mamadi Doumbouya, le chef de L’État guinéen/ AFP
À un mois du référendum crucial sur une nouvelle Constitution, la junte militaire au pouvoir en Guinée a décidé de suspendre trois des principaux partis d’opposition pour une durée de 90 jours. Cette annonce a été faite le 23 août par le ministère de l’Administration territoriale et concerne le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) de l’ex-président Alpha Condé, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, ainsi que le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de Rafiou Sow.
Selon le ministère, cette suspension est justifiée par des manquements administratifs, les partis concernés n’ayant pas respecté certaines obligations légales, telles que la tenue de congrès ou l’ouverture de comptes bancaires. Ils disposent de trois mois pour régulariser leur situation, sous peine de faire face à de nouvelles sanctions.
Cette décision intervient dans un contexte de tensions politiques croissantes, alors que l’opposition et la société civile prévoient des manifestations à partir du 5 septembre. Ces mobilisations visent à dénoncer ce qu’elles qualifient de « confiscation du pouvoir » par le général Mamadi Doumbouya, qui a pris les rênes du pays à la suite d’un coup d’État en 2021. Le référendum, prévu le 21 septembre, doit permettre d’adopter une nouvelle Constitution, mais la campagne électorale, qui devait initialement débuter fin août, a été réduite à trois semaines.
Depuis la prise de pouvoir des militaires, toute manifestation a été interdite et plusieurs opposants ont été poursuivis. La junte prétend que cette nouvelle Constitution est un pas vers un retour à l’ordre constitutionnel. Cependant, des incertitudes persistent quant à la possibilité que le général Doumbouya se présente à une future élection présidentielle, malgré une charte de transition qui le limite théoriquement.
La suspension de ces partis emblématiques dans un pays avec un passé marqué par des décennies d’autoritarisme soulève de sérieuses questions sur la crédibilité du processus de transition en cours et sur l’avenir de la démocratie en Guinée.