Les trois leaders de l’AES/ Agence Afrique
Le lundi 22 septembre 2023, une annonce significative a été faite simultanément à Bamako, Niamey et Ouagadougou : le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont décidé de se retirer du statut de Rome et de la Cour pénale internationale (CPI) « avec effet immédiat », comme nous l’annoncions dans un article précédent. Cette décision marque un tournant dans les relations entre ces pays du Sahel et la juridiction internationale, qu’ils accusent d’appliquer une « justice sélective ».
Dans un communiqué officiel, les trois pays, actuellement dirigés par des régimes militaires, ont qualifié leur retrait de « décision souveraine ». Les griefs formulés à l’encontre de la CPI sont multiples et reflètent un sentiment croissant de méfiance vis-à-vis des institutions internationales. Selon les déclarations officielles, la CPI est perçue comme un « instrument de répression néocoloniale aux mains de l’impérialisme », ayant évolué au fil du temps pour devenir un exemple mondial d’injustice. Ce constat de « deux poids, deux mesures » a été un facteur déterminant dans la décision des États du Sahel de se désengager de la Cour.
Cette annonce ne prend pas place isolément, mais s’inscrit dans une dynamique plus large. En mars 2023, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso, il avait été décidé de créer une Cour pénale et des droits de l’homme au sein de l’Alliance des États du Sahel. Ce projet vise à renforcer la justice régionale, tout en permettant aux pays concernés de mieux gérer leurs affaires judiciaires face aux menaces sécuritaires persistantes.
Parallèlement, les ministres avaient également évoqué la nécessité de construire une prison régionale de haute sécurité, dans le but de lutter plus efficacement contre le terrorisme et les crimes graves dans la région sahélienne, où la situation sécuritaire est de plus en plus préoccupante.
Le retrait de la CPI par ces trois États témoigne d’une volonté affirmée de reprendre le contrôle sur leurs affaires internes et d’affirmer leur souveraineté face à ce qu’ils perçoivent comme une ingérence internationale. Alors que la situation sécuritaire au Sahel continue de se détériorer, cette décision pourrait également avoir des répercussions sur la coopération internationale en matière de justice et de droits de l’homme dans une région déjà fragilisée.
Ainsi, le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Cour pénale internationale soulève des questions cruciales sur l’avenir des relations entre ces pays et la communauté internationale, ainsi que sur la gestion des crises internes dans un contexte de tensions politiques et de défis sécuritaires croissants.
Thom Biakpa