Le mardi 20 septembre 2022 s’est tenue la 77eme assemblée générale des Nations Unies à New York après des éditions 2020 et 2021 qui se sont déroulées en visioconférence en raison de la pandémie à Covid 19. C’était donc un rendez-vous très attendu par tous les dirigeants afin de discuter des enjeux géopolitiques dans certaines régions dont la guerre Russo-Ukrainienne, ou l’instabilité dans le Sahel.
Pour ce qui concerne l’Afrique, si c’était l’occasion pour les uns de réitérer la nécessité de voir le continent participer davantage aux instances de prises de décisions de l’organisation des Nations-Unies à l’instar du président du Nigeria Muhammadu Buhari, pour les autres par contre, cela relevait d’une urgence. Et c’est le cas du chef d’Etat de la République Démocratique du Congo ( RDC ), le président Félix Tshisekedi.
Dans un discours de 40 minutes tenu du haut de la tribune des Nations Unies, le président Tshisekedi a sévèrement condamné le Rwanda, qu’il a accusé d’agression militaire directe contre son pays, faisant allusion à l’occupation de l’est du Congo par le M23.
« En dépit de ma bonne volonté et de la main tendue du peuple congolais pour la paix, certains de nos voisins n’ont rien trouvé de mieux que de nous remercier par l’agression et le soutien aux groupes armés terroristes qui ravagent l’est de la République Démocratique du Congo […] C’est le cas actuellement du Rwanda, qui, au mépris du droit international, de la charte de l’ONU […] a une fois de plus agressé en mars dernier la République Démocratique du Congo par des incursions directes de ses forces armées. », a affirmé le président Tshisekedi.
Depuis une trentaine d’années, sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo plusieurs groupes armés parmi lesquels le M23, essentiellement composé par d’anciens soldats de l’armée congolaise qui se sont rebellés, accusant le gouvernement de marginaliser leur minorité ethnique tutsi. « La plupart viennent de communautés rwandophones congolaises du nord », détaille Pierre Boisselet, chercheur au groupe d’études sur le Congo dans le Journal Afrique du 4 avril 2022 sur TV5MONDE. Selon lui, les rebelles du M23 « voudraient reprendre les terres qu’ils estiment leur appartenir. »
Le chef d’Etat congolais a donc dénoncé les forces de Kigali, fondant ses récentes accusations sur un rapport d’experts envoyé par l’ONU dans lequel il est établi que l’armée rwandaise a « lancé des interventions militaires contre des groupes armés congolais et des positions des forces armées congolaises » dans l’est du pays à partir de novembre 2021.
Il souhaite en outre que ce rapport soit mis à la disposition de tous les membres du conseil de sécurité de pour que les Nations Unies puissent prendre les mesures adéquates afin de faire cesser tout ravitaillement du Rwanda envers le M23.
Il a par ailleurs réaffirmé la détermination du peuple congolais à prendre ses responsabilités face à son destin, « Nous, le peuple congolais, sommes désormais déterminés à mettre fin une fois pour toutes à l’insécurité dans l’est de notre pays, quel qu’en soit le prix. Le moment est venu de briser une fois pour toutes le cycle infernal de la violence dans l’Est de la République démocratique du Congo, de stabiliser la région des Grands Lacs, afin de bénéficier au maximum de son potentiel économique, ainsi que de sa riche biodiversité pour sauver l’humanité face au changement climatique. »
La France, qui préside en ce moment le conseil de sécurité, a par le biais de son président Emmanuel Macron, tenté de calmer le jeu en réunissant les présidents congolais et rwandais.
Pas sûr que la tentative ait fonctionné, à voir les mines affichées à l’issue de la rencontre.