Présenté comme le futur plus grand aéroport d’Afrique, le projet de Bishoftu, près d’Addis-Abeba, a été au centre du forum d’investissement Europe–Éthiopie organisé, lundi 3 novembre au siège du Medef à Paris. Avec un coût estimé à 12,7 milliards de dollars, cette infrastructure incarne les ambitions économiques et aériennes du pays.
Un projet d’envergure continentale
Situé à une quarantaine de kilomètres au sud-est de la capitale éthiopienne, le futur aéroport international de Bishoftu ambitionne de transformer l’Éthiopie en un hub aérien incontournable sur le continent. Appelé à remplacer l’aéroport Bole d’Addis-Abeba, aujourd’hui saturé avec 25 millions de passagers par an, le nouveau complexe devrait à terme en accueillir jusqu’à 100 millions, devenant ainsi le plus grand aéroport d’Afrique.
Le ministre éthiopien des Finances, Ahmed Shide, a qualifié cette infrastructure de « critique pour consolider le rôle de l’Éthiopie comme hub aérien africain ». Le projet, piloté par Ethiopian Airlines, est encore en phase préparatoire, mais les premières étapes sont déjà lancées : environ 2 500 fermiers ont été déplacés et relogés, pour un coût de 350 millions de dollars, selon Mesfin Tasew Bekele, directeur général de la compagnie nationale.
Des soutiens financiers déjà mobilisés
Estimé à 12,7 milliards de dollars (près de 11 milliards d’euros), le chantier de Bishoftu bénéficie déjà d’un appui financier conséquent. La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé un engagement de 500 millions de dollars, tandis que des discussions sont en cours avec plusieurs grandes institutions, dont la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, la Banque européenne d’investissement et la Development Finance Corporation (DFC) américaine.
Ce forum d’investissement, le premier du genre entre l’Europe et un pays africain, a mis en lumière l’intérêt croissant des investisseurs européens pour le marché éthiopien. « Vous êtes les bienvenus pour exporter en France et en Europe », a lancé Fabrice Le Saché, vice-président du Medef, saluant la croissance de 8,4 % enregistrée par l’économie éthiopienne sur l’exercice 2024/2025.
Un partenariat franco-éthiopien en pleine expansion
Le ministre français du Commerce extérieur, Nicolas Forissier, a souligné « la vitalité du partenariat franco-éthiopien », rappelant les visites croisées en 2024 du président Emmanuel Macron et du Premier ministre Abiy Ahmed. Ces échanges diplomatiques ont renforcé la coopération bilatérale, notamment dans les domaines du transport, de l’énergie et de la formation.
De son côté, Geza Strammer, représentant de la Commission européenne, a mis en avant le rôle clé de l’Union européenne, « deuxième partenaire commercial de l’Éthiopie et premier débouché à l’export ». Il a salué les réformes économiques entreprises par Addis-Abeba, notamment la libéralisation du taux de change, et annoncé la tenue d’un forum UE–Éthiopie à Addis-Abeba en avril 2026, destiné à renforcer encore les liens économiques entre les deux partenaires.
Un symbole des ambitions africaines
Le projet de Bishoftu illustre la volonté de l’Éthiopie de se positionner comme un acteur majeur du transport aérien africain, mais aussi comme un pôle économique stratégique au cœur du continent. Pour les investisseurs présents à Paris, ce chantier colossal représente autant un défi logistique qu’une opportunité de croissance à long terme, symbole d’une Afrique en pleine transformation.



                                    
