Près d’un an après la démission soudaine de l’envoyé spécial de l’ONU Jan Kubiš, le secrétaire général de l’institution, Antonio Guterres, a annoncé le 02 septembre la nomination du diplomate Abdoulaye Bathily, ex-premier ministre sénégalais en qualité d’envoyé spécial pour la mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL).
Dans un pays en proie à un conflit armé entre deux gouvernements qui se disputent le pouvoir, l’un basé à Tripoli (ouest) et dirigé par Abdulhamid Dbeibah depuis début 2021, et l’autre conduit depuis mars par Fathi Bachagha, soutenu par le camp du Maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, le secrétaire général de l’ONU est parvenu après une première tentative échouée en août dernier à instituer un émissaire dans ce pays, qui vit des crises politiques et économiques depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011.
Fragile et instable depuis des années, la Libye a vu éclater une nouvelle crise politique en 2022, engendrée d’abord par l’annulation du scrutin électoral en décembre 2021, et le refus du premier ministre de transition Abdulhamid Dbeibah de démissionner. Cette situation a donné lieu à de nouvelles violences depuis Juillet qui ont fait 45 morts et 159 blessés.
Abdoulaye Bathily, ancien professeur d’histoire à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et ancien ministre au Sénégal aura fort à faire pour sa nouvelle mission en tant qu’émissaire de l’ONU en Libye. Le gouvernement de transition libyen s’était d’abord opposé à cette nomination dans une lettre envoyée au secrétaire général de l’ONU, laissant présager la réticence des acteurs politiques à entamer des négociations.
Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, lors d’une correspondance avec le RFI avait déclaré : « Il a un chantier très important. D’abord de fédérer tous les Etats voisins de la Libye et, l’autre complication, c’est bien-sûr d’avoir le soutien des acteurs régionaux, sans oublier bien-sûr la Russie. Donc, c’est vraiment une mission très délicate, une mission à haut risque ».
Mais Abdoulaye Bathily peut compter sur des qualités indiscutables de diplomate, pour avoir occupé des postes de haut niveau au sein de l’ONU notamment au Mali, en Afrique centrale, et pour avoir été l’expert indépendant chargé de l’examen stratégique de la mission en Libye en 2021.
Pour sa mission qui consistera à ouvrir un dialogue entre les deux gouvernements afin de parvenir à des solutions constitutionnelles pour assurer la stabilité dans ce pays, il peut compter sur de nombreux soutiens dont la Tunisie, qui a accueilli en novembre 2020, en collaboration avec l’ONU, le Forum de dialogue politique libyen et qui a dit soutenir ce choix, lit-on dans un communiqué publié mardi par son ministère des Affaires étrangères.