Les Antananariviens ce 25 septembre 2025, dans les rues de la capitale, manifestent contre les coupures d’eau et d’électricité /RFI
Antananarivo, la capitale malgache, est depuis ce jeudi 25 septembre 2025, le théâtre de manifestations tumultueuses alors que les citoyens s’élèvent contre les coupures d’eau et d’électricité. La journée a débuté dans un climat de tension, avec des sirènes retentissant dans le centre-ville et des échos de tirs se faisant entendre à la mi-journée. Malgré l’interdiction des rassemblements, des groupes de manifestants pacifiques ont bravé les restrictions, mais leur expression de mécontentement a été rapidement réprimée par les forces de l’ordre, qui ont utilisé des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les foules.
Dès l’aube, un imposant dispositif de sécurité a été déployé dans tout le centre-ville. Les forces de l’ordre ont quadrillé chaque ruelle et artère menant à la place d’Ambohijatovo, rendant impossible l’accès au lieu de rassemblement prévu pour les manifestants. Par petits groupes de cent personnes, ces derniers ont tenté de contourner les barrages, rappelant aux agents qu’ils étaient là pour exprimer pacifiquement leurs revendications. Les pancartes brandies par les manifestants portaient des slogans poignants tels que : « Laissez-nous faire entendre nos droits », « Stop à une vie faite de bidons jaunes et de noirceur », et « Nous ne voulons pas de troubles, nous voulons juste nos droits ».
Cependant, à 10h45, la situation a pris une tournure dramatique avec le lancement des premiers tirs de gaz lacrymogènes. Des membres cagoulés de l’unité de la gendarmerie GSIS, équipés de véhicules 4×4, se sont dirigés vers les manifestants, faisant pleuvoir des projectiles sur ceux qui ne cherchaient qu’à faire entendre leur voix. Dans le brouillard d’irritants chimiques, les rares passants étaient en larmes, témoignant d’une situation insoutenable. À 15h, les forces de l’ordre ont continué à tirer des cartouches de gaz lacrymogènes, provoquant l’indignation des manifestants. Une jeune étudiante a exprimé son désespoir : « Je suis venue les mains vides, juste avec cette pancarte où j’ai écrit “On en a marre” en malgache. On était pacifiques et on nous tire dessus ! Il faut que le monde sache ce qu’ils nous font ! »
Un incident marquant de cette journée a été l’incendie de la maison de la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafy, une proche d’Andry Rajoelina et ancienne ministre, qui a été ciblée par le mouvement Gen Z, fervent soutien des manifestations. Les informations sur son adresse et celle d’autres personnalités du pouvoir avaient été largement diffusées sur les réseaux sociaux, exacerbant ainsi la colère populaire.
Dans les rues d’Antananarivo, les sirènes des ambulances résonnaient en écho aux détonations des forces de l’ordre, tandis qu’une dizaine de blessés étaient signalés, témoignant de l’intensité et de la gravité de la confrontation. La journée s’est ainsi terminée dans un climat de chaos, laissant présager des suites incertaines pour les jours à venir.
Thom Biakpa