Le groupe paramilitaire russe Wagner au Mali, est accablé par un rapport / AFP
Une étude récente de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (Gitoc), publiée le 16 octobre, accuse le groupe paramilitaire russe Wagner d’avoir détourné des armes des forces armées maliennes pour commettre des crimes de guerre. Le rapport met en lumière les pratiques controversées de Wagner, qui a commencé ses opérations au Mali en décembre 2021, avant d’être remplacé en juin 2023 par l’Africa Corps, toujours lié au ministère russe de la Défense.
Selon le rapport, le groupe Wagner, bien que bien rémunéré par les autorités maliennes de Transition à hauteur de 10 millions de dollars par mois, n’est pas arrivé au Mali avec un équipement suffisant. Les mercenaires ont donc eu recours à plusieurs stratégies pour se procurer des armes, notamment en saisissant des équipements lors d’affrontements et en volant directement dans les stocks officiels de l’armée malienne.
L’étude s’appuie sur des témoignages de militaires maliens ainsi que sur une analyse de photos et de vidéos provenant de chaînes Telegram pro-Wagner et de comptes de soldats maliens sur les réseaux sociaux. Elle révèle que des équipements lourds, tels que des véhicules blindés, des mitrailleuses et potentiellement des drones, appartenant à l’armée malienne, ont été utilisés par les forces de Wagner, y compris lors de missions où ces dernières opéraient de manière autonome.
Les “détournements” d’armes identifiés par le Gitoc soulèvent des préoccupations quant aux violations possibles du droit du commerce des armes, ce qui pourrait avoir des répercussions juridiques pour les pays fournisseurs d’équipements militaires. De plus, ces pratiques ont engendré des tensions sur le terrain, les combattants de Wagner étant souvent perçus comme supérieurs par rapport aux soldats maliens. Un témoignage d’un militaire malien illustre cette dynamique : « Ils conduisent eux-mêmes les véhicules des Fama, ils ne nous font pas confiance. »
Le rapport souligne également l’impact dévastateur de la présence de Wagner sur la situation des droits humains au Mali. Les exactions commises par le groupe, y compris des massacres, des exécutions sommaires et des violences sexuelles, ont considérablement augmenté depuis leur arrivée. L’ONG Acled rapporte qu’en 2024, 866 civils ont été tués lors de 215 incidents impliquant Wagner et l’armée malienne, contre seulement 78 décès lors de 39 incidents en 2021, avant l’intervention de Wagner. L’événement le plus marquant reste le massacre de Moura en 2022, où plus de 500 personnes ont été tuées par les forces maliennes et Wagner.
Avec le remplacement de Wagner par l’Africa Corps, les auteurs du rapport admettent ne pas être en mesure de déterminer si ces détournements d’armes ont cessé ou continuent. Ce flou souligne la complexité de la situation sécuritaire au Mali et la nécessité d’une surveillance accrue des activités des groupes paramilitaires dans la région. Les implications de ces pratiques soulèvent des questions inquiétantes sur la sécurité, les droits humains et la stabilité future du pays.
Thom Biakpa
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