De longues files d’attente à une station-service à Bamako/ AP
La situation au Mali devient de plus en plus critique avec l’aggravation de la pénurie d’essence qui touche l’ensemble du pays, y compris la capitale, Bamako. Depuis début septembre, le groupe jihadiste Jnim, lié à al-Qaïda, a imposé un embargo sur les importations de carburant et attaque régulièrement les camions-citernes sur les routes maliennes. Cette situation a conduit à une pénurie qui s’est récemment étendue à Bamako, malgré les efforts des autorités pour sécuriser les convois de ravitaillement par des escortes militaires.
Les témoignages recueillis sur le terrain révèlent des scènes de désespoir, avec des files d’attente s’étendant sur plusieurs kilomètres devant les stations-service. À Ségou, par exemple, les habitants ont dû faire preuve de patience pour espérer faire le plein. Dans d’autres localités comme San, Mopti, Sikasso et Koutiala, l’arrivée sporadique de camions-citernes sous escorte militaire a apporté une amélioration temporaire, mais la situation reste précaire. Les prix de l’essence sur le marché noir flambent, et des coupures d’électricité fréquentes, dépassant parfois dix heures par jour, viennent aggraver le quotidien des Maliens, poussant de nombreux commerces à fermer leurs portes.
À Bamako, bien que quelques stations soient encore approvisionnées, les files d’attente sont interminables et mettent les nerfs des habitants à rude épreuve. Dans un reportage réalisé par une chaîne de télévision, un Bamakois témoigne : « J’ai attendu trois heures ! », se réjouissant de pouvoir « tenir plusieurs jours » avec le plein qu’il a réussi à faire. Cependant, beaucoup d’autres se retrouvent bloqués, incapables de se déplacer faute de carburant.
La colère et l’inquiétude des citoyens sont palpables. « Il n’y a plus rien, on va faire comment ? » s’insurge un habitant, tandis qu’un autre déclare que « la situation crée une psychose ». Tous s’accordent à dire que les escortes militaires ne suffisent pas à répondre aux besoins croissants en carburant, une opinion partagée par plusieurs transporteurs et chefs d’entreprise.
Les menaces du Jnim pèsent lourdement sur la situation. Dans une vidéo de propagande diffusée sur les réseaux sociaux, un porte-parole du groupe a déclaré que toutes les routes menant à Bamako étaient désormais considérées comme des zones de guerre. Il a également exhorté les Maliens à se soumettre aux contrôles jihadistes sur ces axes, avertissant que les véhicules civils circulant sous escorte militaire seraient pris pour cibles.
Thom Biakpa