L’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara/ AP
Au Mali, l’ancien Premier ministre Moussa Mara a été libéré après avoir été entendu pendant plusieurs heures par les enquêteurs de la Brigade d’investigation judiciaire. Les auditions se sont déroulées mardi 15 juillet et mercredi matin, avant qu’il ne soit présenté au procureur du Tribunal de la Commune IV de Bamako, en charge du pôle anti-cybercriminalité.
La raison de cette convocation est un message publié sur les réseaux sociaux le 4 juillet, dans lequel Moussa Mara affirmait son intention de « se battre par tous les moyens ». Après ces longues auditions, il a pu rentrer chez lui, bien qu’il reste sous le coup d’une procédure ouverte. Selon son entourage, il est ressorti « sans aucune charge contre lui, il n’y a pas de poursuite à ce stade ».
Moussa Mara était assisté de Maître Mountaga Tall, un ancien ministre engagé pour la défense des acquis démocratiques au Mali. Bien que l’ancien Premier ministre ait été libéré, l’instruction se poursuit, et le procureur pourrait décider de classer l’affaire ou de la relancer à tout moment.
Un proche de Moussa Mara a rapporté que les échanges lors des auditions avaient été courtois, malgré la gravité de la situation. Dans son message sur les réseaux sociaux, il avait également qualifié de « prisonniers d’opinion » certains militants politiques et membres de la société civile emprisonnés pour avoir critiqué le régime de transition. Il avait écrit : « Aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître ! Et nous nous battrons par tous les moyens pour que cela arrive et le plus tôt possible ! »
Ses proches craignaient que Moussa Mara, l’un des derniers politiques maliens à oser critiquer le régime en place, ne fasse l’objet d’une répression. Cependant, un proche a exprimé son soulagement, affirmant que les autorités ne pouvaient pas engager de poursuites sérieuses pour des propos jugés anodins.
Oumar Berté, avocat et politologue malien, a qualifié cette situation de « tentative d’intimidation » visant à « faire taire Moussa Mara ». Il a averti que si l’ancien Premier ministre continuait à s’exprimer sur la scène politique, il risquait une condamnation ultérieure. Berté a souligné que la procédure d’audition avait pour but exclusif de réduire au silence une voix critique dans le paysage politique malien.
Moussa Mara a commenté la fin de son audition en affirmant sa confiance en la justice de son pays et en appelant à la sérénité. Bien qu’il soit reparti libre, la situation reste tendue, et l’épisode a clairement servi de mise en garde pour ceux qui osent s’opposer au pouvoir en place.
Thom Biakpa