Des populations fuyant les attaques terroristes à Ségou/ CICR
Dans le centre du Mali, la peur s’installe durablement. Près d’une semaine après l’assaut mené par les jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) contre la localité de Farabougou et plusieurs positions de l’armée malienne dans la région de Ségou, les populations civiles fuient en masse. Les forces régulières, elles, peinent toujours à reprendre le contrôle.
À environ 300 kilomètres au nord de Bamako, les jihadistes ont imposé leur loi, faisant main basse sur plusieurs villages. Farabougou, en particulier, a été complètement ravagée. D’après plusieurs témoignages, les combattants armés ont ciblé les hommes, épargnant femmes et enfants avant de mettre le feu au village.
« Ma famille et moi avons trouvé refuge à Dogofry », confie un rescapé, contacté par un média français en fulfulde et en mandenkan. « Mardi, ils ont attaqué notre village. Ils ont fait sortir les femmes et les enfants pour tuer les hommes. Beaucoup sont morts. Moi, j’ai réussi à m’échapper. Puis ils ont brûlé tout. On n’a même pas pu enterrer nos morts. »
Les populations déplacées affluent désormais vers des zones jugées plus sûres. À Dogofry, la cour de la mairie est transformée en abri de fortune. Mais la capacité d’accueil est vite dépassée. Ceux qui ont de la famille sur place trouvent refuge chez des proches, tandis que les autorités locales tentent tant bien que mal d’organiser une réponse d’urgence.
Sur le terrain, les jihadistes continuent d’exhiber leur puissance, paradant dans les villages conquis, parfois aux côtés des civils, et exhibant l’équipement militaire saisi. Fait inhabituel, la junte au pouvoir à Bamako n’a pas encore lancé d’opération pour reprendre les positions abandonnées, une attitude qui suscite incompréhension et inquiétude dans la région. Des élus locaux appellent à une riposte rapide afin de rassurer les populations et rétablir un semblant de sécurité.
Ce n’est pas la première fois que Farabougou est pris pour cible. Il y a environ cinq ans, les jihadistes avaient déjà imposé un blocus sur le village, levé uniquement après l’intervention de leaders religieux maliens.
Thom Biakpa