Des jeunes Marocains manifestent pour réclamer des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation à Rabat/ AFP
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2025, le collectif marocain GenZ 212 a adressé un communiqué au roi Mohammed VI, réclamant la démission du gouvernement et la fin de la corruption. Cette déclaration fait suite à une sixième soirée de manifestations consécutives à travers le pays, où les participants ont exprimé leur mécontentement face à l’état des services publics, notamment après des violences tragiques survenues la veille.
Une mobilisation sans précédent
GenZ 212 a vu le jour après la mort de huit femmes enceintes dans un hôpital public à Agadir, un incident qui a exacerbé les frustrations concernant les inégalités au sein du système de santé marocain. Depuis le 27 septembre, le collectif organise des manifestations dans tout le royaume, rassemblant des milliers de jeunes, qui se revendiquent de la génération Z. Le groupe, qui compte environ 150 000 membres sur sa page Discord, a su mobiliser les foules, notamment à Rabat, où des manifestants ont scandé : “Le peuple veut la santé et l’éducation”.
Violences tragiques
Les manifestations se sont intensifiées, mais elles ont aussi donné lieu à des incidents violents. Dans la nuit de mercredi à jeudi, trois personnes ont été tuées par des gendarmes qui ont déclaré avoir agi “en légitime défense” alors que ces individus tentaient de prendre d’assaut une brigade dans le village de Lqliaâ, près d’Agadir. Ces événements ont soulevé des préoccupations quant à la sécurité et à la gestion des manifestations par les forces de l’ordre.
Appel au changement
Dans son communiqué, GenZ 212 a dénoncé l’incapacité du gouvernement à protéger les droits constitutionnels des Marocains et à répondre à leurs demandes sociales. Le collectif appelle également à l’ouverture d’un “processus judiciaire équitable” pour tenir responsables les auteurs de corruption. En réponse, le Premier ministre Aziz Akhannouch a déclaré que le gouvernement était prêt à dialoguer pour répondre aux revendications des jeunes.
Priorités sociales face aux projets d’infrastructure
Les manifestants insistent sur la nécessité d’améliorer les infrastructures de santé et d’éducation, tandis que le pays se prépare à accueillir la Coupe du monde 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. “Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades”, a été le cri de ralliement des jeunes à Rabat, une revendication également entendue à Casablanca et Agadir.
Des violences et des actes de vandalisme
Mercredi, les autorités avaient pour la première fois autorisé des rassemblements du collectif, attirant des centaines de jeunes à Casablanca, Tanger et Tétouan. Malheureusement, la soirée a été marquée par des violences à Salé, où des individus cagoulés ont incendié des voitures de police et une agence bancaire. Des témoins affirment que ces actes ne relèvent pas du mouvement pacifique de GenZ 212, mais plutôt d’éléments extérieurs cherchant à semer le trouble.
Le ministère de l’Intérieur a rapporté plus de 350 blessés, majoritairement parmi les forces de l’ordre, ainsi que des dégâts matériels considérables. Les manifestations précédentes avaient déjà entraîné près de 300 blessés et plus de 400 interpellations.
Un mouvement apolitique
GenZ 212 se définit comme un “espace de discussion” sur des sujets cruciaux tels que la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption. Le collectif affirme agir “par amour de la patrie et du roi”, dénonçant les profondes inégalités qui persistent entre les zones rurales et urbaines, ainsi qu’entre les services publics et privés. De plus, ils ont appelé à la libération de toutes les personnes détenues en lien avec les manifestations pacifiques.
Alors que le mouvement continue de prendre de l’ampleur, la réponse des autorités marocaines et la volonté d’engager un dialogue constructif seront déterminantes pour apaiser les tensions et répondre aux attentes légitimes des jeunes Marocains.
Thom Biakpa