Le Roi Mohamed VI du Maroc/ MAP
Alors qu’il doit prononcer un discours très attendu, ce vendredi 10 octobre à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le roi Mohammed VI se trouve au cœur d’un climat de tension croissante parmi la jeunesse marocaine. Le collectif “GenZ 212”, qui mobilise des milliers de jeunes à travers le pays, exige des réformes urgentes dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la gouvernance.
Un mouvement générationnel en pleine effervescence
Depuis la mi-septembre, le Maroc connaît une vague de manifestations sans précédent, orchestrées par le collectif GenZ 212, né sur la plateforme Discord et comptant plus de 200 000 membres. Ces jeunes, souvent dépourvus d’affiliation politique, dénoncent la corruption endémique, la dégradation des services publics et la gestion jugée inefficace du gouvernement d’Aziz Akhannouch.
Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes, dont Rabat, Casablanca et Tanger. Jeudi dernier, les participants ont scandé des slogans tels que : « On attend que le roi nous parle ! On n’a plus confiance dans le gouvernement. » Raghd, une ingénieure du son de 23 ans, confie à l’AFP : « Il doit sauver son peuple. » Cette colère s’est intensifiée suite au décès tragique de huit femmes enceintes dans un hôpital public à Agadir, un incident qui illustre les défaillances d’un système de santé en crise.
Le gouvernement face à la pression : appel au dialogue, mais les jeunes veulent des actions
Sous la pression croissante de la rue, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, a réaffirmé son appel au dialogue, assurant que les préoccupations des citoyens étaient entendues et que des efforts étaient en cours pour améliorer les services publics. Cependant, beaucoup estiment que les promesses faites par l’exécutif ne suffisent plus. Le collectif GenZ 212 a récemment publié un manifeste exigeant le remplacement du gouvernement, une lutte renforcée contre la corruption et un plan d’urgence pour renforcer les effectifs médicaux dans les zones rurales.
Des voix d’intellectuels en faveur de l’intervention royale
Mercredi, environ soixante personnalités publiques ont exprimé leur soutien au mouvement et ont appelé le roi à intervenir. L’historien Maâti Monjib, présent lors d’une manifestation à Rabat, a averti : « La situation est très grave. Il y a un délabrement de l’infrastructure sociale. Le roi doit intervenir pour trouver une solution politique, sinon cela pourrait engendrer de la violence. »
Le discours royal attendu ce vendredi est désormais perçu comme un moment charnière pour le pays. Entre la nécessité d’apaiser les tensions et les espoirs d’un changement significatif, le Maroc retient son souffle, conscient que l’avenir de ses jeunes et la stabilité du royaume en dépendent.
Thom Biakpa